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La multiplication des projets apparaît comme un signal positif pour l’agriculture urbaine, considérée aujourd’hui comme un marché à fort potentiel. Les start-up se positionnent en première ligne pour animer cette activité naissante. Elles inventent les technologies et les modèles organisationnels rendant possible la culture maraîchère ou même l’élevage en milieu urbain. Les déclinaisons de l’agriculture urbaine se révèlent diverses. Mais la promesse des entreprises est la même : des produits frais, locaux et sans pesticides.
De belles réussites s’opèrent dans un paysage concurrentiel mouvant, marqué également par de nombreux échecs. Les jeunes pousses misent sur des innovations de rupture pour faire la différence et convaincre des partenaires, publics ou privés, de les accompagner dans le développement de leur activité. Toutefois, le passage à l’échelle du marché se révèle complexe pour les entreprises, qui peinent à rentabiliser leur modèle économique.

Opter pour un modèle intégré sur le marché de l’agriculture urbaine : quels avantages ?

Au sein de cet écosystème en construction, certains acteurs se développent exclusivement en tant qu’exploitants. D’autres se positionnent comme des prestataires de technologies ou de services. Certaines start-up choisissent un modèle inté­gré depuis la production jusqu’à la distribution. Ce business model nécessite une organisation spécifique, mais permet de générer des revenus directs liés à la vente des produits.
Ce modèle s’inscrit également dans une dynamique économique et sociale, avec la mise en place de circuits de distribution les plus courts possible pour libérer producteurs et consommateurs des nombreux intermédiaires des circuits traditionnels.

“Le but premier de l’agriculture urbaine est de mettre en place des circuits de distribution les plus courts possibles pour libérer producteurs et consommateurs des nombreux intermédiaires des circuits traditionnels ; on peut identifier nombre de conséquences positives : indépendance vis-à-vis du pétrole, rémunération juste des producteurs, prix transparents pour les consommateurs, connaissance du producteur, terroir local mis en valeur…”.

Direction régionale interdépartementale de l’alimentation, de l’agriculture et de la forêt d’Île-de-France

Le modèle intégré de Sous les fraises

Date de création : 2014
Activités : installation de fermes urbaines (principalement sur les toits), production et distribution de produits frais, conseil et accompagnement des entreprises souhaitant végétaliser leurs bâtiments.
Accompagnée en 2017 par UR Link, l’accélérateur du leader mondial de l’immobilier commercial Uinbail-Rodamco, la start-up française Sous les fraises fait principalement pousser des produits sur les toits, bien qu’elle ait aussi ouvert la première ferme aquaponique de la région parisienne en 2018.

PRODUCTION
Sous les fraises installe des fermes urbaines essentiellement à Paris. L’entreprise est une adepte de l’agriculture verticale. Ce type de production lui permet d’optimiser l’espace et de réduire le contact avec les polluants portés par la pluie. Elle exploite aussi les déchets des villes en récupérant les microorganismes qui s’y développent, pour nourrir ses plantations. Elle loue les espaces sur lesquels elle implante ses culture. Elle bénéficie également de prêts d’espaces de la part d’acteurs privés souhaitant végétaliser leurs bâtiments.

DISTRIBUTION
Sous les fraises distribue ses produits frais auprès des restaurateurs et des consommateurs, sous la marque Farmhouse, en collaboration avec des artisans locaux. Principaux canaux de distribution :
E-commerce sur son site web, via un service de livraison à domicile ou le click & collect. Dans ce cas les clients récupèrent leur commande auprès de points de vente partenaires.
Pop-up stores dans des grands magasins (Galeries Lafayette, BHV Marais, centre commercial So Ouest) où l’entreprise a investi les toits. Les produits y sont disponibles quelques heures après avoir été récoltés. “Il y a une vraie valeur ajoutée du cueillis frais par rapport aux circuits traditionnels”, défend Marie Dehaene, ingénieure en agronomie au sein de la société.

BUSINESS MODEL
Depuis ses débuts, la start-up se développe en fonds propres, majoritairement en France. Son modèle était originellement basé sur la vente de ses produits aux restaurateurs, une offre complétée par une activité de conseil aux entreprises souhaitant intégrer un volet environnemental à leurs projets immobiliers. En 2018, la start-up a opéré un virage en se lançant sur le marché B to C suite à la la création de sa marque d’épicerie, Farmhouse (Composition de l’offre : confiseries, biscuits apéritifs, infusions et boissons alcoolisées (bière, gin, vodka). Les activités rentables soutiennent celles qui ne le sont pas encore.
International : la start-up commence à s’exporter, avec un premier projet international à Taipei (Taïwan) lancé en 2019.
Chiffres-clés : 16 salariés ; 1 million d’euros de chiffre d’affaires en 2018

Les questions du réseau et de la logistique au cœur d’un développement contrôlé

Farmhouse reste pour le moment limitée à la région parisienne, où la majorité de ses infrastructures est installée et où son réseau de contacts s’avère le plus dense. Laure-Line Jacquier, cofondatrice de Sous les fraises, n’exclut cependant pas une expansion géographique à l’avenir, lorsque le réseau aura pris de l’ampleur :

“Nous pourrions le faire, mais nous devons d’abord créer les bonnes conditions pour y parvenir car nous devons trouver les professionnels, les circuits de récolte et les distributeurs qui coïncident avec la démarche. À Paris, nous travaillons avec des apiculteurs, distillateurs, cuisiniers… Ce défi n’est pas simple car la problématique du dernier kilomètre demeure identique, même si les trajets sont courts”.

Cette activité d’épicerie nécessite du temps pour être rentable puisqu’elle demande la mise en place d’un réseau et d’une logistique spécifiques, mais elle permet à la start-up de générer des revenus supplémentaires et de se rendre visible auprès du grand public. Elle démocratise les thématiques de l’agriculture urbaine et des produits locaux, aide les artisans régionaux et crée du lien direct avec les consommateurs, des éléments essentiels pour la start-up.

“L’économie de Sous les fraises gravite autour de cette question : quelles sont les externalités à prendre en compte pour que cette nature en ville puisse exister et être désirable par tous ?”, résume Laure-Line Jacquier.

Ce développement contrôlé permet à l’entreprise de sortir peu à peu de Paris pour installer ses fermes dans d’autres villes, comme Annecy, Lyon ou Marseille, où sa marque d’épicerie pourrait être un jour disponible.