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L’environnement : le principal moteur du marché de l’emballage

Au cours des dernières décennies, la politique environnementale du gouvernement a contraint le secteur à faire évoluer ses pratiques et ses produits. Les plastiques, et les emballages ménagers qui les contiennent, sont particulièrement pointés du doigt. En outre, l’économie circulaire est “au coeur des préoccupations de l’offre et de la demande”, comme l’évoque Henri Saporta, journaliste d’Emballages magazine. Avec 90 % du plastique produit grâce aux matières premières fossiles, notamment le pétrole, la prise en compte de l’aspect environnemental devient ainsi une urgence pour l’industrie de l’emballage.
Les voies pour proposer un emballage plus vertueux sont multiples : développement de produits mono-matériaux, production d’emballages réutilisables, rechargeables, ou allégés en matière première, fabrication d’emballages biosourcés et/ou bio­dégradables. Cette dernière constitue notamment une solution très prometteuse.

Développer des emballages biosourcés et/ou biodégradables

Les matériaux biosourcés prennent une part croissante dans les emballages. Il s’agit de “matières d’origines biologiques, qu’elles soient végétales, animales, résiduelles ou algales” selon la définition apportée par le site Enzynov. Des entreprises jeunes ou plus anciennes innovent dans ce domaine. En voici quelques exemples.
Apifilm. Cette start-up française a mis sur le marché des toiles enduites d’un mélange de cire d’abeille et d’huile naturelle pour remplacer les films plastiques alimentaires, à l’intention du grand public. Ses produits sont réutilisables. Fondée en 2017, l’entreprise était déjà rentable en 2019 selon L’Express, grâce à ses 10 000 m² d’emballages vendus sur son site Internet et auprès de 230 points de vente en France. Parmi ses distributeurs, nous pouvons citer les magasins Biocoop, le site de e-commerce bio Greenweez et les grands magasins des Galeries Lafayette.
Solia. Proposant depuis plus de vingt ans de nouveaux concepts de packaging et de vaisselle jetable, cette entreprise a développé en 2019 de nouvelles boîtes dédiées au snacking et à la vente à emporter premium. Elles sont conçues en bois et en papier cuisson sulfurisé.

Des partenariats avec les marques

Les emballages biosourcés permettent de répondre à la demande d’emballages durables de la part des consommateurs et des donneurs d’ordre. Aussi, les innovations se développent en partenariat avec les marques.
Le brasseur Carlsberg, a par exemple développé en association avec le fabricant d’emballages Ecoxpac une bouteille biosourcée, au Danemark. Pour cela, son choix s’est porté sur la fibre de bois. Nommé Green Fiber Bottle, ce nouveau produit est composé de matériaux dégradables ou bien biologiquement inertes comme la craie ou l’argile. La ligne de production devrait être opérationnelle en 2020.

Les designers appellent également à l’emploi de matières biosourcées telles que “l’alfa, les algues, le bambou et les sous-produits et déchets de l’agriculture” selon le livre blanc de Fabrice Peltier “L’emballage à l’aube de sa révolution”. Il convient surtout d’employer des “ressources d’origine naturelle renouvelables non utilisées pour la nutrition humaine et animale”.

Une alternative prometteuse aux plastiques

Les matériaux biosourcés représentent une alternative prometteuse aux plastiques.
La start-up française Eranova, par exemple, travaille sur la mise au point d’un procédé permettant de transformer les algues marines en biopolymères. Cette solution a pour avantage de ne pas employer de végétaux comestibles. Fondée en 2016, l’entreprise envisage son avenir avec optimisme. Lauréate 2017 du programme d’investissement d’avenir de l’Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie (Ademe), elle a bénéficié de 1,03 million d’euros d’aides. Symphony Environnemental (spécialiste en technologie plastique responsable) a également acquis 8 % de son capital en mai 2018, apportant 4,8 millions d’euros à son programme de financement préindustriel.

De son côté, le fabricant français d’emballages en plastique Europlastiques, actif depuis une soixantaine d’années, conduit également des essais de fabrication à partir de matières biosourcées. L’entreprise a travaillé à la transformation de polyéthylène issu de la canne à sucre, d’acétate de cellulose et de divers PHA (polyhydroxyalcanoate). Si elle maîtrise la technique, Europlastiques déplore toutefois un prix deux fois supérieur à celui du polypropylène conventionnel, comme l’expliquait Olivier Popeler, son directeur commercial, auprès de RIA en novembre 2018. Outre le prix, les matériaux biosourcés possèdent également des failles d’un point de vue technique. “N’oublions pas que ces matières de substitution sont moins fluides et que l’épaisseur des parois des emballages biosourcés est proche du double de ce que nous faisons en standard, même avec un PE (polyéthylène) issu du végétal”, commentait le dirigeant.

Les entreprises positionnées dans le domaine des matériaux biosourcés tentent de développer leurs procédés et produits en respectant deux impératifs : “des fonctionnalités équivalentes et un prix compétitif”, explique Arnaud Jadoul, journaliste d’Emballages magazine. Parmi elles, figurent les entreprises françaises Vegeplast (à l’origine d’une barquette à base d’acide polylactique) et FDR emballages (film ETP en fibre cellulosique).

Bioplastique oui, mais aussi biodégradable !

Le terme “bio-plastique” est à employer avec précaution. Il est utilisé pour qualifier à la fois un matériau biosourcé et un matériau biodégradable. Or, un matériau biosourcé n’est pas toujours biodégradable… Et inversement, un matériau biodégradable n’est pas obligatoirement biosourcé. Cette caractéristique soulève deux problèmes : l’impact des matériaux en fin de vie sur l’environnement et leur coût. L’absence de filière de recyclage pour les résines alternatives se traduit ainsi par “des barèmes d’écotaxes très pénalisants”, commente Olivier Popeler, directeur commercial d’Europlastiques. À l’avenir, l’enjeu consistera à proposer des emballages aux matériaux biosourcés et biodégradables et/ou compostables. Les innovations proposées par Solia, Eranova ou Europlastiques par exemple, représentent à la fois des solutions biosourcées et biodégradables.

Chrystèle Reynier

Une étude réalisée par Chrystèle Reynier
chrystele.reynier@indexpresse.fr