La lutte contre les déchets maritimes passe par la robotique
La pollution océanique constitue un sujet environnemental majeur
La quantité de déchets présente dans les écosystèmes marins ne cesse d’augmenter. Le service de recherche du Parlement européen estime qu’au moins 4,8 millions de tonnes de plastique terminent chaque année dans l’océan. 730 tonnes de déchets sont déversées tous les jours dans la Méditerranée.
Face à ce constat, des start-up font émerger de nouvelles solutions robotiques afin de collecter ces déchets. Les innovations proposées limitent généralement leur périmètre d’action aux ports et aux littoraux, là où la demande de la part des collectivités et des acteurs privés s’avère la plus forte.
Un robot ramasseur de déchets
Recyclamer a par exemple convaincu le port de La Rochelle et ceux de Palma de Majorque et Ibiza, en Espagne, de tester son robot ramasseur de déchets dans les espaces aquatiques. Nommé Geneseas, ce dernier est autonome et fonctionne à l’énergie solaire.
“Il estime son temps de travail, envoie des notifications sur la plateforme ou sur un portable quand le panier est plein, quand il rentre à la base ou quand la batterie est déchargée. En plus, il assure le suivi en temps réel de la qualité de l’eau grâce aux données sur la température, le PH, l’oxygène dissous, etc.”, expose Aline Varinot, cheffe de produit.
Recyclamer fabrique son engin à Saint-Junien (Haute-Vienne), en étant accompagné par des partenaires locaux pour la recherche-développement. L’Espagne constitue un marché prioritaire puisque “la plupart des concessions sont privées, du coup, la prise de décision est plus rapide. En France, 85 % des ports sont publics. Les délais sont très longs”, explique Alan d’Alfonso Peral, fondateur de Recyclamer.
La start-up s’est dotée d’une filiale espagnole fin 2021 et prévoit de mener un projet d’ampleur sur les Îles Baléares, dans le cadre d’une initiative “marinas zéro carbone”. Ses ventes progressent aussi en France, avec une installation conclue à Brest et des démonstrations organisées à Antibes et Saint-Raphaël.
Un robot nettoyeur pour les ports et les chantiers navals
Le Jellyfishbot, élaboré par la jeune pousse française IADYS, se positionne également sur le segment du nettoyage. Depuis sa création en 2016, l’entreprise a réussi à implanter son robot nettoyeur dans plusieurs ports et chantiers navals comme Le Havre, Saint-Nazaire ou La Ciotat.
Télécommandé à ses débuts, le robot est ensuite devenu autonome afin de satisfaire les besoins des clients industriels. Il est capable de gérer des tâches d’entretien, de dépollution, de surveillance et de préservation de l’eau.
À l’été 2021, IADYS a levé 1,5 million d’euros pour accélérer son développement commercial, aussi bien dans l’Hexagone qu’à l’étranger. Déjà présent dans des installations à Singapour, au Japon et en Norvège, le robot pourrait investir les États-Unis, l’Australie, l’Asie du Sud-Est et le Moyen-Orient à l’avenir.
Un robot pour collecter les déchets en profondeur
À contre-courant des robots nettoyants qui restent en surface, des étudiants de l’ESTACA (École supérieure des techniques aéronautiques et de construction automobile) ont imaginé un appareil capable de plonger pour aller collecter les déchets en profondeur au sein des zones portuaires.
“S’il repère un plastique, il sort du mode nage aléatoire pour entrer dans la phase de traque : il se rapproche du déchet, l’ingurgite puis revient à la phase de nage. Une fois plein, il revient à son point de départ, déverse ses déchets et recharge ses batteries”, détaille Baptiste Jagoury, l’un des initiateurs du projet.
Baptisé Green Turtle en raison de son design inspiré de la tortue marine, le robot est fabriqué en plastique biosourcé et biodégradable. Lancée en 2020, l’initiative n’a pas encore débouché sur la création d’une entreprise, mais est perpétuée par les nouvelles promotions d’étudiants. À terme, le but est de lancer un prototype construit avec des partenaires publics ou privés (entreprises, instituts de recherche, associations, etc.).
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