Le marché des services de micro-mobilité en France : un dynamisme porté par les tendances écologiques et la pandémie de Covid-19

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Rassemblant les véhicules de type EDP et EDPM (engins de déplacement personnel, éventuellement motorisés), la micro-mobilité bénéficie d’un nouvel engouement en France.

Le marché est ainsi passé de 186 millions d’euros en 2017 à plus de 290 millions en 2020, soit une progression de plus de 56 %.

En y ajoutant les accessoires, le marché atteignait alors 329 millions d’euros, et aurait dépassé les 450 millions d’euros pour l’année 2021 selon une étude de la Fédération des professionnels de la micro-mobilité.

Cette croissance a été le fait des véhicules électriques : leur chiffre d’affaires a doublé sur la période tandis que celui des véhicules standards a reculé de près de 21 %. 

Des pratiques favorisées par la crise Covid

L’engouement pour les mobilités dites douces, favorisant un autre moyen de transport que la voiture, n’est pas totalement nouveau. Il a toutefois connu un nouvel élan avec la crise sanitaire.

“Le dynamisme est ancien. Avant même la vague des trottinettes électriques, il y a eu la mode des trottinettes mécaniques. (…) Depuis, la révolution de la micro-mobilité, avec des engins bénéficiant d’innovations de rupture améliorant l’autonomie et les performances, n’a fait que renforcer cet engouement.”

soulignait ainsi dans LSA Jean Ambert, spécialiste de la mobilité au sein du cabinet Smart Mobility Lab.

Bien que les entreprises du secteur aient pu souffrir à court terme de l’apparition de la pandémie de Covid-19, celle-ci a modifié les habitudes des usagers, accélérant à terme le déploiement des EDP. En 2022, la fréquentation des transports publics n’avait toujours pas retrouvé son niveau d’avant-crise : elle était en mars encore inférieur de 20 % en Île-de-France et de 15 % dans le reste de la France.

Interrogé par BFM TV, le PDG de Transdev Thierry Mallet indiquait : “On n’est pas revenu à la normale, et il y a probablement un talon dur de 10 % de personnes qui ont changé de comportement, et ne sont pas sûres de revenir à court terme.”

Si le télétravail constitue l’une des causes de cette désaffection, le report modal explique lui aussi une partie du phénomène. Préférant des transports individuels, jugés plus sûrs, les Français ont délaissé le réseau public, où les risques de contagion sont plus importants. Un sondage mené en 2021 par l’Union des transports publics (UTP) indiquait que, pour 64 % des personnes interrogées, les transports en commun représentaient “un vecteur de propagation du Covid-19”.

Dans ce cadre, les EDP profitent de plusieurs caractéristiques : flexibles, ils permettent de se déplacer seul et en plein air. Une autonomie appréciée par 84 % des usagers interrogés dans un sondage de 2019.

« Si la micro-mobilité connait une croissance exponentielle depuis la mise sur le marché des trottinettes électriques, on observe aujourd’hui un changement net des motivations des utilisateurs qui sont de plus en plus nombreux à avoir recours à la trottinette électrique pour des déplacements domicile-travail réguliers ou quotidiens. Ces nouveaux usages, observés durant la crise sanitaire, se sont accélérés depuis la hausse des prix du carburant. Les Français se sont appropriés ce nouveau mode de mobilité et, si les nouveaux entrants dans la micro-mobilité continuent d’augmenter, les utilisateurs réguliers renouvellent, dans près de 80 % des cas, leur EDPM pour un produit plus robuste et plus durable, correspondant mieux à leur usage.»

explique Grégoire Hénin, Vice-président de la FP2M.

Une image écologique contestable mais qui profite au secteur

Les moyens de transport de micro-mobilité disposent d’une bonne réputation sur le plan environnemental.

Déjà en 2019, un sondage montrait que 79 % des personnes interrogées utilisaient un EDP pour des raisons écologiques. Cette tendance a d’ailleurs été perçue par Monoprix. La directrice des concepts et de l’innovation, Maguelone Paré, déclarait à LSA en 2021 : “Nous travaillons la mobilité comme un acte écologique et militant.”

Les VAE et les EDPM électriques bénéficient ainsi de leur mode de propulsion, silencieux et n’émettant pas directement de gaz à effet de serre.

Il est toutefois possible que cet avantage s’estompe au fil du temps, les bénéfices écologiques se montrant en réalité relativement faibles. La majorité des trottinettes électriques sont en effet produites en Chine, la société Okai fournissant la plupart des leaders du secteur (Lime, Bird, Pony, Dott, Tier, Voi…). La fabrication des batteries, le ramassage par véhicules thermiques des trottinettes en libre-service (pour être rechargées) ou encore leur renouvellement fréquent, notamment à cause des dégradations, conduisent à fortement augmenter le bilan carbone de ces engins.

Une étude publiée fin 2020 montrait que les trottinettes partagées à Paris avait généré 13 000 tonnes de CO2 supplémentaires, en particulier du fait d’un report modal défavorable : la majorité des utilisateurs délaissaient des modes de transport peu émissifs comme le métro, seuls 7 % des trajets avaient remplacé un recours à la voiture.

Le secteur a toutefois fait des efforts pour améliorer son impact environnemental, notamment en mettant en place en 2020 une filière de recyclage des batteries. Organisée en partenariat avec les éco-organismes Screlec et Ecologic, elle visait à recycler 50 tonnes de batteries en 2021, ce qui correspondrait à environ 10 % des mises sur le marché.

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