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L’industrie française prélève chaque année environ 2 milliards de m3 d’eau, selon les données de la Banque nationale des prélèvements quantitatifs en eau.

“Dans les usines, l’eau peut être utilisée pour nettoyer, refroidir ou laver, bien sûr, mais aussi comme matière première ou solvant”, expose Le Monde. Au final, la majorité de l’eau prélevée est ensuite restituée dans le milieu naturel. C’est ici qu’intervient l’étape de dépollution, dans les cas où l’eau a été contaminée par des matières et substances polluantes.

Des initiatives volontaires de la part des industriels

Si de nombreux industriels se contentent de reverser leurs eaux dans une station d’épuration collective, certains décident de se doter de leur propre système, en cas de volumes trop importants à gérer ou de présence de polluants spécifiques.

En Isère, l’usine du fabricant de semi-conducteurs STMicroelectronics possède ainsi son propre système d’épuration afin de traiter puis rejeter l’eau ayant servi aux opérations de rinçage. “Il est probable que l’eau rejetée dans la rivière soit plus propre que celle qui y coule naturellement”, estime Guy Dubois, ancien manager de l’entreprise.

Dans le Rhône, l’usine Teintures et Impressions de Lyon a franchi le pas en 2022, en se dotant de “sa propre station d’épuration, adaptée aux seuls rejets de son usine : urée, colorants, soude, micropolluants…”, indique Actu Environnement. L’installation initiale a coûté 3 millions d’euros et la gestion annuelle s’élève à 500 000 euros, versés à Veolia, sélectionné pour prendre en charge le dispositif.

 “Ce n’est en rien rentable d’investir dans sa propre station d’épuration. L’idée, c’est davantage de changer de paradigme en gérant le plus possible sa propre pollution”, explique Jean-Michel Bertrand, directeur de l’usine.

Un contexte opportun pour les fournisseurs de solutions

Face à une réglementation de plus en plus stricte, un nombre croissant d’industriels doivent accélérer sur le volet du traitement et de la dépollution des eaux rejetées. Afin de répondre à cette demande, les fournisseurs de solutions multiplient les investissements et les innovations.

Cette dynamique s’observe du côté des grands groupes et des PME mais également des start-up, qui commencent à investir le segment.


Le territoire français est de plus en plus artificialisé, en majorité à cause de l’étalement urbain. Cette expansion de l’habitat conduit à une perte importante de zones naturelles ou agricoles

Freiner la bétonnisation grâce au ZAN

La politique du “zéro artificialisation nette” (ZAN) a été pensée à partir de 2018 et instaurée en 2021, et fixe divers objectifs afin de lutter contre l’artificialisation des espaces naturels.

Le ZAN vise ainsi à :

  • réduire de moitié l’artificialisation sur la période 2021-2031 par rapport au rythme observé entre 2011 et 2021 ;
  • atteindre le zéro artificialisation nette des sols à l’horizon 2050.

Outre différentes exemptions, la loi ne cherche pas à empêcher toute consommation d’espace naturel, un objectif reflété dans le “net”. Des mesures de compensation peuvent ainsi être mises en œuvre afin d’équilibrer l’artificialisation et la renaturation des sols. Une surface polluée ou dégradée par l’activité humaine peut ainsi être rendue à la nature afin qu’elle puisse à nouveau remplir son rôle écologique (captation du carbone, infiltration des eaux, préservation de la biodiversité).

Les obligations de renaturation ne s’appliquant qu’à partir de 2050, il s’agit dans un premier temps de limiter l’artificialisation de nouveaux espaces naturels. C’est dans ce cadre que le ZAN entraîne un intérêt renouvelé pour les friches industrielles. Ces zones déjà artificialisées permettent à la ville de se transformer et de se reconstruire sur elle-même, sans étendre sa périphérie.

Les obligations imposées par le ZAN se montrent d’autant plus cruciales que l’artificialisation est financièrement avantageuse par rapport à la dépollution d’une friche, ce qui désincite à recourir à ce type d’opération sans l’aiguillon de la contrainte réglementaire.

Conseiller industrie d’Intercommunalités de France, Lucas Chevrier confirme cette situation : “Avant même la suppression de la CVAE [cotisation sur la valeur ajoutée des entreprises, impôt dont la suppression définitive est prévue pour 2027], on estimait qu’il fallait dix ans pour rentabiliser la dépollution et les études nécessaires à rendre un terrain ‘prêt à l’emploi’. Requalifier une friche, c’est selon nos estimations dix fois plus cher qu’une artificialisation”.

Le ZAN devrait ainsi massifier les approches basées sur les opérations de dépollution.

Dépolluer les friches, un gisement de foncier considérable

Le recours à la dépollution et à la réhabilitation des friches pour des projets d’habitation ou à vocation économique apparaît d’autant plus prometteur que les surfaces considérées s’avèrent conséquentes. Le territoire compterait ainsi jusqu’à 170 000 hectares de friches. Toutes ne sont toutefois pas susceptibles d’accueillir de tels projets. Les friches peuvent également être remises en état afin d’accueillir des espaces verts et lutter contre les îlots de chaleur urbains.

Afin de promouvoir cette réutilisation du foncier, l’État a lancé un programme de soutien à la dépollution des friches, principalement via deux canaux :

  • un dispositif géré par la Banque des territoires, doté d’un milliard d’euros et prenant la forme de prêts pour financer des opérations de dépollution ;
  • un “fonds friches” fournissant des subventions pour un montant total de 750 millions d’euros.

Jugé positivement par la profession, le fonds a toutefois reçu quelques critiques, notamment au sujet de son manque de prévisibilité dans le lancement des appels d’offres et dans son soutien trop important aux grandes entreprises.

Les frais de dépollution restent en outre élevés pour les collectivités, comme le souligne dans Les Échos Antoine Joufflineau, qui a porté un projet à Port-Brillet (Mayenne) : “La dépollution a coûté 2,6 millions d’euros. Avec le fonds friches, 1,5 million reste à la charge de Laval Agglomération”.


Plusieurs mesures mises en place progressivement sont de nature à encourager les interventions de dépollution, en particulier concernant les sols, et donc à dynamiser le marché.

La loi ASAP introduit de nouvelles obligations

Promulguée en fin d’année 2020, la loi d’accélération et de simplification de l’action publique (ASAP) impose, dans le domaine de la dépollution, une nouvelle attestation à fournir par une société certifiée. Il s’agit de faire valider la réhabilitation d’un site ou d’un sol pollué dans le cadre d’une cessation d’activité d’une installation classée pour la protection de l’environnement (ICPE).

Des évolutions pour les SIS

Les terrains faisant l’objet d’une connaissance préalable en matière de pollution sont soumis à la réglementation des “secteurs d’information sur les sols” (SIS).

Un décret de 2017 est venu élargir le périmètre des SIS avec l’introduction d’un encadrement concernant les rayonnements ionisants (c’est-à-dire les activités générant des déchets radioactifs).

Un autre décret paru l’année précédente a quant à lui levé l’obligation de souscriptions de garanties financières lors des opérations de réhabilitation, ce qui facilite la conduite de telles interventions.

Le transfert de responsabilité à un autre tiers demandeur

En 2015, la possibilité de transférer la responsabilité de la réhabilitation d’un site pollué constitue également un point positif pour le secteur. Un industriel cessant ses activités dans une zone pouvait être dissuadé de valoriser cette dernière du fait des frais importants à engager pour la dépollution et de son éventuelle responsabilité en cas de problème. La prescription en cas de découverte d’une pollution postérieure à la vente du terrain s’élevant à trente ans, la réglementation pouvait conduire à la création de friches industrielles.

La nouvelle mesure introduite par la loi Alur et son décret de 2015 permet ainsi au dernier exploitant du site de transférer la responsabilité à un autre acteur, qui pourra se charger des opérations sans que l’industriel soit menacé par de potentielles complications.


Les ZFE et la classification Crit’Air, signes d’une attention accrue pour la qualité de l’air

Les pouvoirs publics ont commencé à réagir face aux conséquences néfastes de la pollution de l’air, un sujet particulièrement critique au sein des grandes agglomérations.

En 2015 a été introduit le concept de zone à faible émissions (ZFE), aire régulant le trafic en interdisant le passage des véhicules les plus polluants.

En 2021, une obligation d’instauration des ZFE a été mise en place pour les localités les plus importantes : les 43 agglomérations de plus de 150 000 habitants devront disposer d’une ZFE au plus tard en 2025. Ces mesures se combinent avec la classification Crit’Air, qui évalue le degré de pollution émise par les véhicules. Ceux ayant les notes les plus basses sont progressivement interdits de circulation dans les ZFE. Cette méthode préventive peut prendre du temps à produire des effets, d’autant plus que se pose la question du contrôle de véhicules circulants. Il existe donc une place pour une approche curative développée en parallèle, axée sur le traitement de l’air.


En France, les DNVB se sont développées durant la dernière décennie. Leur nombre augmente dans la lignée des ventes en ligne, en croissance constante.

Un modèle industriel intégré

Fondé sur une désintermédiation complète, le modèle des Digital Native Vertical Brands (DNVB) est suivi par de nombreuses jeunes marques françaises, notamment du secteur des compléments alimentaires. Nées sur Internet, elles ont la particularité d’exploiter un modèle industriel verticalement intégré.

Elles réalisent elles-mêmes la conception, la fabrication, la commercialisation et la distribution de leurs produits.

Le terme de DNVB a été inventé en 2007 par Andy Dunn, créateur de la marque américaine de vêtements pour hommes Bonobos, elle-même symbole du concept de marque digitale.

Une suppression des intermédiaires

Les DNVB s’adressent directement aux clients, sans intermédiaires commerciaux et “se concentrent sur un produit ou un marché très précis”, indique France DNVB, l’association des DNVB françaises.

Alors qu’auparavant l’alliance avec des distributeurs était inévitable, ces marques ont profité de l’essor du commerce électronique pour vendre leurs produits directement depuis leur site et en faire la publicité à travers les canaux digitaux, particulièrement les réseaux sociaux.

Leur mode de commerce vertical bouleverse fortement le marché des compléments alimentaires, qui repose historiquement sur le circuit des officines.

Une croissance continue depuis 10 ans

Dans leur “Baromètre 2022 des DNVB françaises”, le cabinet de conseil en stratégie spécialiste des DNVB, Digital Native Group, et le spécialiste du paiement omnicanal Payplug (Groupe BPCE), dénombraient 715 marques réparties au sein de six secteurs d’activité : habillement-lingerie, bien-être et cosmétiques, accessoires de mode, maison et décoration, alimentation et boissons, sports et loisirs.

Les marques répertoriées dans ce panorama répondent toutes à la définition intrinsèque des DNVB : elles doivent vendre leurs propres produits directement à des consommateurs et avoir utilisé comme premier canal de distribution le digital (site et/ou réseaux sociaux).

Le secteur du bien-être et des cosmétiques, au sein duquel figurent les compléments alimentaires, figure en deuxième position, représentant près de 24 % des DNVB répertoriées. Cette proportion croît de manière exponentielle selon le cabinet.

Au même titre que la préservation de l’environnement, les jeunes générations se montrent de plus en plus attentives à leur santé.

“Plus ludiques, personnalisées et avec un mode de distribution direct en e-commerce, les offres [de compléments alimentaires] se sont multipliées, répondant à la tendance de la naturopathie”, indique Digital Native Group.


”Les gens prennent de plus en plus soin d’eux, et ce dans une démarche globale qui va de l’alimentation et des loisirs aux cosmétiques. La dimension préventive y tient une place importante avec l’idée de bien vieillir.
Cette tendance s’est d’ailleurs accélérée avec l’épidémie du Covid.”

Dr Arnaud Lambert, médecin esthétique

Le selfcare prend de l’ampleur

Auparavant cantonné aux sportifs de compétition, le contrôle minutieux de son alimentation s’est étendu au reste de la population. Que ce soit dans une optique de performance, même chez les amateurs (avec le quantified self), ou de bien-être, les questions de nutrition deviennent centrales.

Ces deux logiques ne sont pas totalement indépendantes : une volonté de maîtrise, de responsabilité individuelle vis-à-vis de son corps et de sa santé, d’une forme de discipline dans son maintien en forme, se manifestent dans ces approches. Ces dernières se déploient de façon globale dans une démarche préventive.

Du sport à l’alimentation, de la luminosité au cadre de vie, une multitude de domaines sont intégrés à la réflexion afin de rester en bonne santé, sans attendre la survenue d’un problème pour agir.

Une envie de naturalité

L’idée de bien-être se rapporte de plus en plus à l’imaginaire de la nature. La consommation d’aliments bio et de produits végétaux, le tourisme vert, le déménagement vers des aires moins urbaines, voire rurales : le phénomène est transversal et touche une diversité de secteurs.

Ce souhait de privilégier les produits naturels reconfigure l’offre, notamment dans les compléments alimentaires. Les entreprises sont contraintes de prendre un “virage vert” en changeant leurs formules et en mettant en avant la composition naturelle de leurs produits.

Le consommateur est par ailleurs plus informé : soucieux de ce qu’il ingère, faisant moins confiance aux marques, il regarde plus attentivement les ingrédients et peut s’aider d’outils numériques, comme l’illustre le succès de la base de données Yuka.

La pandémie de Covid-19 renforce la dynamique

La crise sanitaire qui s’est déclenchée en 2020 a accéléré ces différentes tendances, en mettant encore davantage l’accent sur la santé et le naturel. Le développement du selfcare a été accru par le mode de gestion de la pandémie, chacun prenant ses précautions (port du masque et distanciation) et allant lui-même faire des tests en pharmacie.

La fréquentation des officines et l’achat d’autotests ont contribué à habituer davantage les Français à l’automédication. L’arrêt de l’économie au nom de la santé a également remis cette dernière sur un piédestal, poussant chacun à faire plus attention au quotidien. Le caractère anxiogène de la situation a d’autant plus renforcé la volonté de se protéger, y compris par l’alimentation.


Utilisés généralement en cures, c’est-à-dire de façon relativement intensive sur une période déterminée, les compléments alimentaires peuvent répondre à un besoin médical (pallier des carences) ou s’utiliser dans une logique de confort (produits dédiés au bien-être). Ils peuvent également s’employer dans la nutrition sportive ou la nutrition animale.

Un vaste périmètre

Les compléments alimentaires sont commercialisés pour traiter une multitude de problématiques :

  • problèmes de sommeil ;
  • fatigue, stress, humeur ;
  • troubles de la digestion ;
  • circulation sanguine ;
  • mémoire & concentration ;
  • etc.

À ces différents domaines s’ajoutent des sujets à la frontière avec les cosmétiques, telles que la beauté et la minceur, ce qui inclut par exemple les autobronzants.

Des circuits de distribution multiples

Cette diversité d’usages amène les compléments alimentaires à être distribués par une variété de canaux, des pharmacies à la grande distribution (GMS) en passant par les sites web spécialisés et les magasins bio.

Si les compléments alimentaires sont commercialisés via une multitude de canaux, les pharmacies demeurent le principal circuit de distribution.

Des galéniques variées

Les compléments alimentaires se présentent sous différentes formes, appelées galéniques :

  • poudre ;
  • pilules ou comprimés (à avaler, à croquer,
    effervescents, etc.) ;
  • gélules ;
  • ampoules ;
  • etc.

La galénique revêt une importance à plusieurs niveaux. Elle peut être justifiée d’un point de vue médical (absorption optimale du principe actif), mais agit également sur l’observance (suivi de la cure par le consommateur) et sur le plan visuel et marketing.

Des acteurs divers

Produits par des fabricants de médicaments (façonniers), les compléments alimentaires sont conçus par des laboratoires ou de petites sociétés, qui sous-traitent ensuite la fabrication aux façonniers.

Les acteurs plus importants peuvent toutefois concevoir puis produire eux-mêmes leurs compléments alimentaires.


Les initiatives mises en place au niveau européen butent sur la multiplication de règles ne s’articulant pas toujours entre elles, ainsi que parfois sur un calendrier peu adapté pour l’application concrète de la législation.

MiFID2

Le règlement MiFID 2 définit ainsi trois critères pour évaluer le caractère durable d’un portefeuille d’investissement :

  • alignement minimum à la taxonomie ;
  • proportion minimale d’investissements durables ;
  • prise en compte des principaux impacts négatifs.

SFDR

De son côté, le SFDR fixe trois catégories, intitulées “article 6”, “article 8” et “article 9”.

  • article 6 : transparence sur l’évaluation des risques ESG ;
  • article 8 : promotion des critères ESG dans les décisions d’investissement ;
  • article 9 : politique d’investissement durable.

Sans être synonymes, les fonds à impact s’insèrent alors dans la catégorie “article 9”.

Fin septembre 2022, le gestionnaire Groupama AM indiquait que, parmi les fonds ouverts au public en Europe :

  • 47 % étaient des “articles 6” ;
  • 48 % étaient des “articles 8” ;
  • 5 % étaient des “articles 9”.

Les autorités européennes ont ensuite durci les critères d’attribution de la catégorie ‘article 9” (avec notamment une obligation de 100 % d’investissements durables). Cette décision a amené plusieurs fonds à rétrograder leur qualification.

BENCHMARK

Entré en vigueur fin 2021, un autre règlement, Benchmark, privilégie deux critères différents des textes européens susmentionnés :

  • la réduction des émissions de gaz à effet de serre et la mention “promotion de la transition climatique” ;
  • le respect des exigences de l’Accord de Paris.

TAXONOMIE EUROPEENNE

Quant à la taxonomie européenne, elle demeure incomplète avec seulement deux objectifs (adaptation et atténuation du changement climatique) encadrés par la législation. Quatre autres objectifs restent en suspens :

  • l’utilisation durable et la protection des ressources aquatiques et marines ;
  • la transition vers une économie circulaire ;
  • la prévention et le contrôle de la pollution ;
  • la préservation de la biodiversité.

Président de l’Institut de la finance durable, Yves Perrier souligne : “La question des émissions de CO2 peut être traitée d’une manière ‘économicofinancière’, alors qu’il est à ce jour plus difficile de trouver une grille d’indicateurs partagée pour un sujet tel que la biodiversité”.


Auparavant dénommé “finance solidaire”, remplacé depuis par le concept “d’investissement à impact”, ce type de finance alternative a élargi son champ d’action avec une part grandissante dédiée à la problématique environnementale.

Positionnés dans le domaine, pour certains, depuis le début des années 2000, les acteurs se revendiquant de ce mouvement se réjouissent de la montée en puissance de cette activité au sein du monde financier.

“Nous étions trop peu nombreux dans le domaine de l’investissement à impact pour faire face aux enjeux actuels en matière de dérèglement climatique ou de souffrance sociale et c’est donc une bonne chose que ces pratiques se généralisent”, souligne ainsi Fanny Picard, fondatrice de la société Alter Equity.

Cette mise en lumière peut profiter à certains acteurs de la finance à impact, en élargissant la clientèle au-delà des investisseurs les plus militants.

Comme l’indique Sébastien Duquet, directeur d’investissement chez Mirova SunFunder : “Depuis que le concept d’impact a commencé à se généraliser, nous voyons les investisseurs institutionnels européens se doter de compétences en la matière et d’équipes dédiées : nous savons désormais vers qui nous tourner pour présenter notre offre car le sujet est bien mieux identifié”.

“Toute forme de finance qui va au-delà du simple triptyque rendement/risque/liquidité va dans le bon sens.”, complète Frédéric Tiberghien, président de l’association FAIR


FAIR, association gérante du label Finansol

Le label Finansol, lancé en 1997, s’est principalement développé par le biais des fonds dits “90-10”. Ces derniers investissent 10 % des fonds dans des sociétés de l’économie sociale et solidaire, en adoptant une approche extra-financière. Les 90 % restants sont placés dans des titres cotés, ce qui assure le rendement et la liquidité des capitaux, et permet de diversifier les risques.

En 2021, l’association Finansol, qui gère le label, et l’observatoire spécialisé Impact Invest Lab ont fusionné pour donner naissance à un nouvel organisme baptisé FAIR (“financer, accompagner, impacter, rassembler”).

Le nombre de membres s’est considérablement accru, passant de 93 en 2019 à 140 début 2023, soit une hausse d’environ 50 %. Son président souhaite faire évoluer le label afin d’accentuer sa dimension relative à l’impact.


Finance verte, durable, éthique, à impact, responsable, solidaire… les terminologies varient, parfois synonymes, sinon désignant des éléments distincts appartenant au même domaine : celui du financement d’activités générant des retombées positives sur les problématiques environnementales et/ou sociales.

De la finance solidaire…

Évoqué ici dans sa forme la plus large sous le nom de finance durable, ce secteur est apparu tout d’abord en tant que finance solidaire, alors centré sur les enjeux sociaux et surtout porté par des associations et des ONG (organisations non gouvernementales) à l’étranger.

La SIDI (Solidarité internationale pour le développement et l’investissement) a été créée par l’ONG CCFD Terre Solidaire il y a 40 ans – soit bien avant que l’on ne parle d’investissement à impact – autour de l’idée que la finance a un rôle à jouer dans le développement économique des pays pauvres”, soulignait début 2023 Émilie Debled, directrice générale de la SIDI.

… puis environnementale

Avec la prise en compte croissante des enjeux climatiques et écologiques, le domaine est peu à peu sorti de la marginalité et s’est institutionnalisé. Il s’est également tourné de plus en plus vers les questions environnementales, délaissant en partie les problématiques sociales originelles.

En 2007 a eu lieu la première émission de green bond, ou obligation verte, par la Banque européenne d’investissement. Durant la décennie qui a suivi, d’autres acteurs effectuaient la même opération, notamment le Trésor public français, les États-Unis ou la Pologne ainsi que des collectivités locales.

Les entreprises se sont également lancées dans cette voie, telle Suez avec son premier emprunt obligataire vert en 2022, pour un montant de 2,6 milliards d’euros.

La finance durable dépasse par ailleurs largement les activités dédiées à l’économie sociale et solidaire (ESS) et s’étend à l’ensemble du monde économique et financier.


Qu’est-ce qu’une obligation verte (green bond) ?

Une obligation constitue un titre financier représentant une créance pour l’acheteur et une dette pour l’émetteur du titre. En échange de l’apport en capital, l’émetteur de l’obligation verse un taux d’intérêt (indiqué par le coupon rattaché au titre) et rembourse le principal à l’échéance de l’obligation (on parle alors de maturité du titre). Pour les obligations souveraines, c’est-à-dire émises par l’État, les maturités classiques varient entre 7 et 10 ans.

L’obligation verte est donc un support d’investissement pour financer des activités vertueuses sur le plan environnemental. Les projets financés par le capital placé dans ce type de titres font l’objet de rapports réguliers de l’émetteur afin d’informer les investisseurs de l’utilisation des fonds reçus. Tous les acteurs intervenant sur les marchés financiers peuvent recourir aux green bonds : entreprises, États, organisations publiques ou internationales… Il existe par ailleurs des social bonds (sujets sociaux).


Jusqu’à la finance durable

Le terme de finance durable s’est depuis largement démocratisé, et les fonds et produits financiers arborant une dénomination relative à ce concept s’avèrent aujourd’hui très courants.

En juillet 2022, près de 4 200 fonds étaient liés à ce domaine en Europe d’après l’Autorité européenne des marchés financiers (ESMA), soit 14 % du total des véhicules d’investissement présents sur le continent.

La plupart, si ce n’est la totalité, des établissements bancaires ont ainsi incorporé ce type de produits dans leur offre de placements.


Des projets aux avantages multiples

Les collectivités développent des projets de parcs photovoltaïques au sol afin d’alimenter le territoire en énergie renouvelable. Ils présentent plusieurs avantages, dont une puissance installée supérieure et des économies d’échelle par rapport aux petites unités décentralisées. Ce type d’infrastructures entraîne toutefois une plus grande emprise au sol, ce qui peut limiter les possibilités d’implantation, sauf à artificialiser des terres agricoles.

L’exemple de Marcoussis dans l’Essonne

À Marcoussis (Essonne) a été installée en 2021 une ferme photovoltaïque dotée d’environ 60 000 panneaux solaires, ce qui en faisait alors le plus grand parc de ce type en Île-de-France. Avec une capacité de 20,3 MW, la ferme peut fournir de l’électricité à 10 000 personnes.

Le projet a été lancé par la commune de Marcoussis et le Sigeif (Syndicat intercommunal pour le gaz et l’électricité en Île-de-France), et mis en place par Engie. Le groupe détient 60 % de la société ayant géré le projet, contre 20 % pour le Sigeif et 20 % pour les citoyens du territoire.

Le financement a en effet été effectué en partie via un crowdfunding. Sur les 18,8 millions d’euros nécessaires au projet, près de 1,4 million a été apporté par 424 habitants du département.

D’autres projets en construction

Un autre projet a vu le jour en Essonne : les communes du Plessis-Pâté et de Brétigny-sur-Orge vont accueillir une nouvelle installation fin 2024.

Les travaux ont commencé en 2023 et s’effectuent sur d’anciens terrains militaires, ce qui permet de ne pas artificialiser de terres.

La ferme comptera 70 000 panneaux pour une capacité de 35 MW, et pourra alimenter en électricité l’équivalent de la consommation de 15 000 personnes. Réalisé par l’entreprise Neoen, le projet devrait coûter environ 30 millions d’euros.