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Vous trouvez ici tous les articles de notre blog en relation avec l’actualité des marchés, des secteurs émergents, porteurs et en mutation. Consultants, responsables marketing, chargés de veille, professionnels de l’information, personnels des bibliothèques en BU et écoles de management, étudiants, enseignants-chercheurs : c’est pour vous !

Les jeunes seniors (55 – 75 ans) devraient être plus de 20 millions en France d’ici 2030, contre 15 millions actuellement. Cet essor démographique s’accompagne d’une transformation des mentalités. Les jeunes seniors d’aujourd’hui sont les soixante-huitards d’hier. Ils ont des envies nouvelles et des comportements différents de ceux de leurs aînés. Pour les marques, il devient essentiel de s’intéresser à ce public afin de tirer parti des nouvelles opportunités économiques qu’il apporte. Quel que soit leur secteur d’activité, les entreprises doivent exploiter l’attractivité de cette clientèle au pouvoir d’achat conséquent et en bonne forme physique. Encore faut-il savoir comment l’aborder…

Investir le bien-vieillir et casser les codes traditionnels du vieillissement

En cherchant à réinventer la vieillesse, les jeunes seniors transforment leur manière d’aborder des segments traditionnels de la consommation, comme le textile. Dans le même temps, ils imposent également leur présence dans des domaines récents, apparus ces dernières années, tels que le commerce électronique, l’économie collaborative ou l’économie sociale et solidaire. Face à ce public et à ses nouvelles envies et attentes, les acteurs de tous ces secteurs sont sommés d’adapter leurs offres s’ils ne veulent pas passer à côté de cette cible.

L’exemple de l’économie collaborative chez les jeunes seniors : un marché amené à se développer

En Europe, les jeunes seniors français apparaissent comme les plus ouverts à une économie collaborative, partagée, « ubérisée », selon l’Observatoire Cetelem de la consommation. Ils sont 76 % à avoir une image positive ou très positive des services de consommation collaborative et de partage. Si cette tranche d’âge privilégie toujours la possession pour bénéficier d’un plus grand confort d’usage, elle n’est pas fermée à la location et au partage sur certains segments. Ainsi, le covoiturage ou le partage de matériel de bricolage s’avèrent être des pratiques à creuser chez les seniors.
Le partage d’appartements semble moins porteur au sein de cette population. Toutefois, cela  n’empêche pas un acteur comme Airbnb d’observer une hausse du nombre d’hôtes de plus de 50 ans sur sa plateforme.
Cet élan vers le collaboratif peut s’expliquer par la volonté des seniors de créer du lien communautaire et de rester en contact avec les autres générations. Intégrer une plateforme collaborative leur offre également la possibilité de rester actifs, tout en générant un revenu supplémentaire. Contrairement aux autres segments de grande consommation où ils se considèrent parfois stigmatisés, ils peuvent ici se sentir valorisés, tant par la transmission de leur expérience et savoir-faire que pour les bénéfices, humains et financiers, qu’ils en dégagent.

Certaines plateformes prennent de l’ampleur

De nouvelles entreprises font émerger des solutions spécifiquement destinées aux jeunes seniors. En voici quelques exemples :

  • Lancé en 2016, Les Talents d’Alphonse propose aux retraités de partager leur savoir-faire dans de nombreux domaines avec les jeunes générations. Chaque senior est payé 15 euros par heure de cours, 10 euros par heure de garde d’enfants, montants sur lesquels l’entreprise récupère une commission pour se rémunérer. “Notre idée est d’amener ce lien intergénérationnel en France et de faire en sorte que les jeunes retraités maintiennent des relations sociales”, explique Barthélémy Gas, le cofondateur du site. Soutenue par le groupe d’assurance Maif qui l’accueille dans son espace dédié aux start-up, la jeune pousse ambitionne de grandir en densifiant son réseau et le nombre de villes desservies.
  • Le site Seniors à votre service, également basé sur le partage du savoir-faire des seniors, a une orientation financière plus assumée. Il se revendique en effet comme un site de petites annonces pour les plus de 55 ans. Entre 2012 et 2016, le nombre de candidats inscrits sur cette plateforme a triplé pour atteindre 174 000 membres. Particuliers et professionnels y  trouvent des annonces diverses (bricolage, jardinage, ménage, garde d’enfants, promenade d’animaux, cuisine, lecture…). L’entreprise a basé son business model sur un système d’abonnement. Ce fonctionnement permet à l’entreprise de “très bien se porter financièrement”, selon Valérie Gruau, fondatrice du site.
  • La société Rézo-Pouce, spécialisée dans le covoiturage du quotidien, a déployé durant l’été 2019 un nouveau service sur le plateau picard, Rézo Seniors. Celui-ci a été pensé pour aider les retraités isolés dans les territoires ruraux à continuer à mener une vie active. Les conducteurs  volontaires pour tester le système sont alertés à chaque nouvelle demande de déplacement effectuée par un senior, et peuvent ou non accepter la requête, contre rémunération. Rézo-Pouce a prévu de tester son nouveau dispositif  jusqu’à la fin de l’année 2019 sur le territoire picard, puis de l’étendre à d’autres zones où son service principal est déjà utilisé.

Les plus de 60 ans “sont la catégorie d’utilisateurs qui connaît la croissance la plus rapide parmi les adeptes du covoiturage”
France Info, 2018

  • La hausse du nombre de divorces et la démocratisation des outils numériques chez les jeunes seniors participent aussi à l’essor du marché des sites de rencontre pour jeunes seniors. 9 millions de seniors français seraient célibataires. Au fil des années, le secteur a vu son offre se multiplier et la segmentation s’étoffer. Sites gratuits ou payants, orientés vers le haut de  gamme comme Elite Rencontre Senior, dédiés aux personnes homosexuelles tels SeniorTolerant, le marché grossit et a fini par attirer de grands noms du domaine : le groupe français Meetic a lancé en 2017 sa déclinaison spéciale seniors Disons Demain. Deux ans après son ouverture, il comptait déjà un million d’inscrits. Les rencontres pour seniors deviennent également possibles via des applications mobiles dédiées. Le groupe britannique MagicLab, déjà propriétaire de l’application de rencontres Badoo, a dévoilé Lumen, consacrée aux plus de 50 ans, en 2018. Disponible dans six pays dont la France, elle recense déjà un million d’utilisateurs. Certains sites choisissent de présenter une application mobile en complément de leur version Web. C’est par exemple le cas de Nos Belles Années, présent en France et dépendant du groupe américain Spark Networks. Ces nouveaux outils permettent aux jeunes seniors d’adapter les codes traditionnels de l’amour et du couple à leurs nouveaux désirs, tout en restant en phase avec l’ère numérique et collaborative actuelle.

Samuel Arnaud

Cette étude a été réalisée par Samuel Arnaud, en collaboration avec Gaëlle Cocâtre
samuel.arnaud@indexpresse.fr

Le segment de l’enseignement supé­rieur devrait prendre une part significa­tive dans le développement de la filière française de l’EdTech. En 2019, sur les 430 start-up référencées par l’Observatoire des EdTech en 2019, 165 s’adressent à l’enseignement supérieur. Soit environ 38 %.

Le marché de l’EdTech dans l’enseignement supérieur se structure

Rémy Challe, directeur général d’EdTech France*, rappelait en avril 2019 que ce segment du marché de l’EdTech  était en voie de structuration. Il affirmait alors : « Auparavant, le marché était peu lisible et la pérennité des jeunes entreprises était trop précaire pour permettre le développement des EdTech dans l’enseignement supérieur ». Aussi, pour favoriser la lisibilité du marché et la compréhension des besoins des établissements, EdTech France contribue à la mise en relation des différents acteurs de la filière. L’association oeuvre notamment au rapprochement des start-up avec les établissements (universités, grandes écoles, business schools).

Par ailleurs, l’organisation et l’identification des intervenants s’améliorent progressivement. Elles favorisent désormais le déploiement des outils et des ressources proposées par les entreprises. En effet, les établissements de formation sont de plus en plus dotés de directions numériques.  Ces dernières facilitent l’implantation de solutions innovantes pour répondre aux attentes des étudiants de la génération Millennials.

EdTEch dans l’enseignement supérieur : une coopération stratégique 

“L’enseignement supérieur est le premier marché éducatif à vivre sa transformation numérique”, explique Marie-Christine Levet, Partner et fondatrice d’Educapital **.  Pourquoi ? Notamment parce ce que la transition vers des outils numériques apparaît comme un relais de croissance pour les universités et les grandes écoles. En outre, cette évolution s’avère nécessaire pour répondre aux attentes des nouvelles générations d’étudiants. La digitalisation des apprentissages est ainsi identifiée par les observateurs comme un élément de différenciation primordial dans ce secteur très concurrentiel. En effet, face à une concurrence internationale accrue, les établissements doivent se doter des meilleurs outils technologiques pour attirer et fidéliser les étudiants.

Aussi, intégrer des ressources éducatives créées grâce aux nouvelles technologies se présente comme un choix stratégique. Cette démarche apporte une valorisation à l’offre d’enseignement. Comme le soulignait Le Journal du Net fin 2018, l’étudiant est “devenu un client qu’il faut savoir séduire et fidéliser”. Rémy Challe confirmait dans Le Monde en 2018 les bienfaits de l’EdTech pour les étudiants : “Les institutions de l’enseignement supérieur doivent apprendre à dialoguer et à travailler avec les entreprises EdTech , pour améliorer avec elles l’expérience de l’apprenant.”
D’autre part, il est important pour les établissements de l’enseignement supérieur de s’afficher comme pionniers de l’utilisation de ces outils. “L’écosystème évolue et dans ces cas-là, il vaut mieux être un early adopter, comprendre, s’engager dans l’écosystème et l’innovation plutôt que de refuser le changement”, indique Benjamin Vedrenne-Cloquet, président et fondateur du fonds d’investissement spécialisé dans l’éducation et l’information EdtechX Holdings.

“Il y a un besoin de diversifier ses activités pour minimiser les risques et se développer. […] Nous aurons besoin de nouvelles activités et ces nouvelles activités vont arriver par la high-tech”.
_ Jean-François Fiorina, directeur adjoint de Grenoble École de Management (avril 2019, blog personnel)

Une offre orientée vers les services

Les apports de l’EdTech dans l’enseignement supérieur concernent le perfectionnement de la qualité de l’apprentissage mais aussi l’amélioration de la communication entre les différents acteurs au sein de l’établissement et une appréhension plus efficace des questions administratives et de gestion. Une multitude d’acteurs se positionnent désormais sur ces services et produits, offrant aux établissements un vaste choix de solutions à intégrer à leur plan de développement.

Les acteurs de l’EdTech déjà implantés dans le domaine de l’enseignement supérieur sont dans leur grande majorité ceux qui ont développé une offre de simplification de la gestion et de l’organisation des établissements.

Par exemple, la start-up française AppScho développe une plateforme permettant de centraliser l’information pour les étudiants.  Ces derniers peuvent accéder à l’intégralité des informations relatives à leurs études, à la gestion du campus, aux évènements, à l’actualité et à la communication de l’établissement. Elle permet notamment “de travailler sur la rétention et l’engagement des étudiants”, souligne Educapital** dans son rapport publié en 2018. Elle  fait partie des services choisis par de nombreux établissements pour améliorer le quotidien de leurs étudiants (ESCP Europe, HEC Paris, EDHEC, Neoma Business School…).
Une autre start-up, Study&Co, fondée en juillet 2017, centralise toute les informations administratives relatives aux démarches et aux droits pour les étudiants (visa, logement, finances, santé, transports et vie de campus). Grâce à l’intelligence artificielle, elle permet la mise à jour de l’information et une personnalisation du service selon les besoins et le profil de chaque étudiant.

“Bon nombre de directeurs d’école de management connaissent déjà des solutions comme Oscar Campus, Academ, AppScho, Testwe, My Job Glasses, Ubicast, Alumnforce”
_ Rémy Challe, d’EdTech France (juin 2019, Cabinet Headway)

Des innovations technologiques pour l’apprentissage

Parallèlement aux acteurs proposant des outils de gestion ou des services annexes pour les étudiants, certaines start-up se sont implantées dans les établissements du supérieur en proposant un produit innovant ayant pour vocation d’améliorer les apprentissages. C’est le cas de l’entreprise Didask. Fondée en 2015, elle se démarque par une approche basée sur les sciences cognitives. “Didask permet à chacun d’apprendre durablement en s’appuyant sur le fonctionnement naturel du cerveau”, explique la start-up. Plus précisément, elle a développé une plateforme utilisant les tests comme socle d’apprentissage. Chaque cours prend la forme d’une carte, elle-même composée de capsules correspondant à des notions de base.

Domoscio est un autre exemple de start-up proposant des innovations technologiques pour l’apprentissage au sein de l’enseignement supérieur. Fondée en 2013, elle s’est positionnée principalement sur deux aspects : l’apprentissage adaptatif (adaptive learning) et l’ancrage mémoriel (c’est-à-dire la répétition en fonction de la vitesse d’oubli). Outre ses entreprises clientes (SNCF, Banque de France, Bouygues Télécom …), Domoscio travaille avec des universités.

Parmi les start-up dédiées à l’amélioration des apprentissages, certaines se sont positionnées plus particulièrement sur la pédagogie. C’est le cas de LearnAssembly. Cette start-up française propose une dizaine de parcours et des formations sur-mesure développées en partenariat avec la BNP et les écoles de commerce Essec et Audencia Business School. Il s’agit de proposer, grâce au numérique, un contenu accessible en permanence et répondant aux nouvelles envies des étudiants. Ainsi, la start-up présente sa plateforme comme une offre venant en supplément des cours en présentiel.

*  Association dont l’objectif est de fédérer l’ensemble des acteurs de l’écosystème EdTech français. EdTech France regroupe 170 entreprises, des partenaires institutionnels et associatifs, des grandes entreprises et des institutions d’enseignement supérieur, tous intéressés par la transformation des apprentissages à l’ère du numérique. L’association œuvre à l’interaction des entreprises innovantes de la filière. https://edtechfrance.fr/

** Créé en 2017, Educapital est le premier fonds d’investissement européen dédié à la filière de l’EdTech.  http://www.educapital.fr

 

Voici le dernier volet de notre série d’articles sur « Les nouvelles tendances alimentaires ».
Au programme : le point sur les prochaines tendances pour les produits alimentaires, au cœur des stratégies des acteurs traditionnels et des nouveaux entrants.
Si vous avez manqué les premiers articles de notre série, les voici !
La prise de conscience des consommateurs (1/4)
Les marchés phares : produits « sans », bio et végétal (2/4)
Les stratégies des acteurs de l’alimentation s’adaptent (3/4)

Les prochaines tendances pour les produits alimentaires (4/4)

L’importance croissante des aspects environnementaux

De plus en plus attentifs aux conséquences de leurs achats, les consommateurs français se montrent plus responsables. Ils placent la lutte contre le gaspillage alimentaire comme un enjeu essentiel parmi les nouvelles tendances qui caractérisent le marché de l’alimentation. Si cette tendance se renforce depuis plusieurs années, elle fait aussi l’objet de mesures gouvernementales depuis l’année 2016 (loi Garot). Les distributeurs de l’agroalimentaire se montrent réactifs : actions antigaspillage, meilleure gestion des stocks, dons aux associations, stickage des produits difficiles à vendre, valorisation des déchets… Des start-up se positionnent en tant qu’intermédiaires dans ces démarches.

gaspillage

 

S’ils sont une réponse au problème du gaspillage alimentaire, les emballages représentent aussi une source de pollution importante. Plusieurs initiatives tentent de résoudre cette problématique de la surabondance des emballages et du plastique dans l’alimentation : innovations liées à la conservation des produits, expansion du vrac et des sachets réutilisables, développement des emballages comestibles…
La production d’huile de palme est une autre préoccupation, liée à l’impact environnemental et au risque pour la santé. Plusieurs initiatives sont mises en place par les professionnels de l’industrie agroalimentaire : surveillance de l’évolution des plantations, recettes « sans huile de palme » par exemple.

La foodtech et les nouvelles technologies

La digitalisation de la société favorise le développement de nouvelles entreprises particulièrement innovantes. Informations nutritionnelles, aide à la décision d’achat, applications de coachs nutritionnels, appareils connectés pour le fait-maison, développement des services de livraison à domicile, blockchain pour garantir la transparence et la traçabilité des aliments,  plateformes collaboratives de mise en relation des professionnels (producteurs et restaurateurs par exemple)… Ces entreprises misent sur de nouvelles technologies permettant de développer des services en adéquation avec les nouvelles attentes des consommateurs.

Les prochaines tendances alimentaires vont-elles faire émerger des nouvelles filières ?

Quelques nouveaux produits font déjà parler d’eux et pourraient s’inscrire à plus ou moins long terme dans les nouvelles habitudes alimentaires des Français. L’entomophagie (la consommation d’insectes par les humains), alternative à notre consommation de viande et peu consommatrice de ressources en production, est autorisée depuis 2018 par une nouvelle réglementation européenne. Outre des barrières institutionnelles importantes, la France fait toujours face à des freins culturels. Manger des insectes reste difficile pour beaucoup de consommateurs… Le marché reste pour l’instant axé sur l’alimentation animale.

Avec 27 millions de tonnes produites dans le monde en 2018, les algues ne sont pas un marché nouveau mais elles représentent un terrain propice aux innovations. Elles sont une source d’avenir en protéines (microalgues) et répondent en autres au développement du marché végan. De plus en plus d’acteurs y investissent.

Enfin, dans les nouvelles tendances en voie de développement, le segment des compléments alimentaires est appelé à jouer un rôle majeur dans un avenir plus ou moins lointain. Micronutrition, super-aliments et aliments fonctionnels (probiotiques par exemple), s’avèrent être des catégories avec un réel potentiel.

 

 

 

A l’occasion de la mise à jour de notre Business Étude sur « Les Nouvelles tendances alimentaires », nous vous proposons une série d’articles sur ce sujet. Dans ce troisième volet : les stratégies des acteurs de l’alimentation.
Si vous avez manqué les deux premiers articles sur ce sujet, découvrez-les maintenant :
La prise de conscience des consommateurs (1/4)
Les marchés phares : produits « sans », bio et végétal (2/4)

Tendances alimentation : les stratégies de l’agroalimentaire s’adaptent (3/4)

La concurrence est accrue entre la grande distribution et les enseignes spécialisées. Les généralistes semblent être en quête d’expansion alors que les spécialistes se tournent vers la recherche de qualité qui fait leur cœur de métier. Ces stratégies sont particulièrement visibles en ce qui concerne l’alimentation bio. Alors que les spécialistes tendent à se différencier d’une alimentation générale qui gagne du terrain, ces deux circuits se rejoignent pourtant sur plusieurs axes de développement majeurs.

Les GSA sont en quête d’expansion via leur parc spécialisé

Les enseignes de la grande distribution ouvrent leurs propres concepts spécialisés pour répondre aux nouvelles attentes des consommateurs mais aussi pour contrecarrer l’érosion des ventes qu’elles subissent. Cette stratégie ne semble pas porter ses fruits aussi rapidement qu’espéré. Gestion des magasins, difficulté d’atteindre des consommateurs militants et exigeants, problématique de l’approvisionnement… Certaines d’entre elles procèdent à des prises de participation ou des rachats d’enseignes spécialisées existantes pour s’affranchir de leur image négative d’enseigne généraliste.

Stratégies de l’agroalimentaire : le retour aux valeurs pour les spécialistes

Les enseignes spécialistes représentent le second canal de distribution avec 36,3 % des ventes de produits bio en France en 2018, selon l’Agence Bio. Elles ne connaissent plus la croissance qui a fait leur succès durant les années précédentes. Bien qu’ils se disent peu menacés, les spécialistes historiques du bio misent sur leurs valeurs « au-delà du bio », telles que le bien-être animal et les circuits courts, pour se différencier. Ils renforcent leur position de spécialistes et cultivent leur différence. S’ils misent toujours sur le développement de leur parc, les acteurs les moins importants doivent aussi repenser leur modèle pour résister à l’offensive des GSA (regroupements, franchise).

Derrière les enseignes dites “bio”, se cachent des magasins qui répondent plus globalement aux nouvelles attentes des consommateurs. Ainsi, évoquer une enseigne bio permet de mettre en avant les produits issus de l’agriculture biologique, mais également des gammes “sans” ou végétales qui composent également une partie de l’offre de ces enseignes.


GSA et distributeurs spécialisés adoptent certains axes stratégiques 
similaires

  • Tous les distributeurs  s’emparent de l’e-commerce, canal de vente en croissance dans l’alimentaire. Après avoir développé la livraison, les enseignes spécia­listes s’intéressent au drive, ce dernier étant déjà en forte croissance du côté des GMS.
  • Le développement de ses propres marques (MDD) est également un élément essentiel pour se différencier et proposer de nouvelles gammes bio, végétales et “sans”.
  • La vente en vrac, à l’origine pré carré des enseignes spécialisées, s’installe aussi au sein des GMS.
  • Tous travaillent leur merchandising afin de stimuler les ventes et répondre aux attentes de la clientèle habituée des magasins de proximité.
  • Enfin, ils améliorent aussi leur sourcing, notam­ment en aidant les producteurs à se convertir au bio. Cet axe stratégique s’avère par ailleurs béné­fique en termes d’image.

De l’amont à l’aval, l’organisation des industriels

Si les distributeurs jouent leur rôle pour s’adapter aux nouvelles envies des consommateurs, les professionnels de l’industrie mettent également tout en œuvre pour en tirer pleinement profit. Ils proposent donc :

  • De nouvelles gammes végétales
  • De nouvelles recettes dans des gammes existantes (alternatives végétariennes)
  • Un élargissement de l’offre de produits « sans »
  •  Le développement du segment bio

Pour accentuer leur positionnement sur les segments bio, “sans” et à base de végétal, certains groupes de l’industrie alimentaire misent également sur la croissance externe afin de renforcer leur portefeuille. Des acteurs historiques du végétal ou du bio font également évoluer leur gamme et misent sur des produits plus gourmands afin de faire du goût un argument de vente.
Comme les distributeurs, les industriels de l’agroalimentaire s’engagent pour leur image de marque. Ils proposent des recettes plus saines, en meilleure collaboration avec la filière et les producteurs. Ils mettent également tout en œuvre pour rassurer les consommateurs en améliorant la traçabilité des produits afin de ne pas reproduire les scandales récents.

La restauration s’adapte

De nouveaux concepts bio, végan, “sains”, sans gluten se créent sous la forme de chaînes et/ou en franchise. Ils ont une identité définie à partir d’un ou de plusieurs nouveaux comportements alimentaires et régimes des consommateurs. Malgré une proportion de 83 % de Français souhaitant manger davantage de bio en restaurant (selon le baromètre 2018 de l’Agence Bio/CSA Research), le bio peine à se faire une place en restauration commerciale. Seulement 206 millions d’euros ont été dépensés en 2017 dans la restauration commerciale en achat de produits biologiques. Au total, moins de la moitié des établissements, soit 45 %, proposent des plats entièrement bio sur ce circuit. Le végan s’avère particulièrement dynamique, et le manger sain est un argument fort pour les réseaux de restauration. Face à ces nouveaux entrants, les restaurateurs traditionnels revoient leurs cartes afin d’y introduire des plats et des menus répondant aux nouvelles attentes.
Les restaurateurs, nouveaux entrants ou anciens acteurs du secteur, mettent en avant une offre qualitative, grâce au sourcing et à l’intégration de produits frais dans leurs préparations.
Parallèlement, les services se développent en adéquation avec les attentes des consommateurs :

  • La livraison à domicile, en crois­sance, est un canal de vente que les restaurateurs doivent adopter pour répondre à leurs besoins.
  • Se positionner sur de nouveaux moments de consommation devient un axe stratégique pour toucher différents profils de clients, jeunes et moins jeunes.

Ces nouvelles tendances se déve­loppent aussi en restauration collective, grâce à une cuisine saine et la prise en compte des besoins des salariés. Dans la restauration collec­tive du secteur public, le bio et le végétal seront amenés à se développer davantage encore sous l’impulsion d’une volonté gouvernementale.

 

Prochainement, le 4ème et dernier volet de notre série « Nouvelles tendances alimentaires » : quelles seront les prochaines tendances ?

A l’occasion de la mise à jour de notre Business Étude sur « Les Nouvelles tendances alimentaires »,  nous vous proposons une série d’articles sur ce sujet. Si vous avez manqué le premier article sur ce sujet, découvrez-le maintenant !

Les marchés phares : produits « sans »et végétal, l’alimentation bio (2/4)

Avec l’évolution des attentes et des comportements des consommateurs, les marchés des aliments bio, des pro­duits “sans” et ceux des produits à base de végétal tirent leur épingle du jeu et poursuivent leur croissance.

Les produits « sans », une catégorie récente et porteuse

Répondant à la fois aux besoins des personnes allergiques et à ceux des consommateurs soucieux de leur alimentation, les produits « sans » séduisent toujours plus les Français. En conséquence, le marché s’enrichit sans cesse de nouveaux produits : “sans OGM”, “sans sucre”, “sans sel”, “sans additifs”, “sans cuisson”, “sans antibiotiques”, etc.
La catégorie phare de ce marché est celle des produits sans gluten, en hausse de 7 % sur un an en août 2018. Quoique moins marquée en 2018 par rapport à 2017, la croissance semble encore amenée à se poursuivre. Elle est tirée par l’atout santé des produits proposés sur le marché dans différents rayons (petit déjeuner, épicerie sucrée et salée ou encore surgelés). Très médiatisée, et souffrant parfois d’une mauvaise publicité, cette catégorie devrait se recentrer sur les consommateurs réellement intolérants au gluten. Les produits “sans sucre” et “sans sucres ajoutés” poursuivent égale­ment leur croissance en valeur, grâce aux innova­tions, notamment sur les instants de consommation comme le petit déjeuner et le dessert.

Les produits de l’alimentation bio affichent une croissance à deux chiffres

La fulgurante croissance du mar­ché de l’alimentation bio continue, avec une hausse de 15,7 % en 2018. Représentant 5 % de la consomma­tion générale des produits alimentaires, le bio affiche encore un potentiel de croissance important. L’année 2018 a été marquée par la poursuite de la croissance des enseignes de grandes et moyennes surfaces (GMS) parmi les cir­cuits de distribution. Face à elles, les enseignes spécialisées ont perdu des parts de marché. Près de la moitié des achats bio des ménages sont réa­lisés auprès des enseignes généralistes. La clé de ce dynamisme réside dans le développement de leurs marques de distributeur (MDD). Celles-ci représentaient en 2018 près de 45 % des ventes bio (selon Iri). En GMS, le rayon frais en libre-service domine les ventes, en valeur, devant l’épicerie et la crémerie.

Le végétal : présent dans tous les rayons

Le marché du végétal, en progression de 17,7 %, à 360,8 millions d’euros, dispose également d’un important potentiel. Dynamique, le rayon trai­teur végétal affiche une croissance de 25,5 % sur un an, en mars 2019, en hyper et supermarchés. Les desserts végétaux, en hausse de 21,5 % dans tous les circuits GMS sur un an, en janvier 2019, profitent de cet essor. Plus importante en valeur, la catégorie des boissons végétales semble arri­vée à maturité, avec une croissance moins mar­quée – elle était toutefois encore de 11,4 %. Sur chacun de ces segments, les intervenants sont de plus en plus nombreux et la concurrence s’intensifie.

Prochainement, le 3ème volet de notre série « Nouvelles tendances alimentaires » : Les acteurs traditionnels et les spécialistes adaptent leurs stratégies

 

A l’occasion de la mise à jour de notre Business Étude sur « Les Nouvelles tendances alimentaires », nous entamons aujourd’hui une série d’articles sur ce même sujet !
Quels sont les facteurs à l’origine de ces nouvelles tendances ? Quels sont les rayons les plus dynamiques ? Comment les enseignes spécialisées font-elles face à la concurrence des grandes surfaces alimentaires ? Quelle stratégie les industriels de l’agroalimentaire déploient-ils pour se diversifier ? Comment les restaurateurs s’adaptent-ils aux nouveaux comportements des consommateurs ? Quelles sont les opportunités pour les jeunes entreprises ? Quelles nouvelles tendances se dessinent ?

Alimentation et consommateurs : la prise de conscience (1/4)

En hausse en 2018, avec un chiffre d’affaires de 176,1 milliards d’euros, le marché français de l’agroalimentaire est confronté aux nouvelles attentes des consommateurs, auxquelles il se doit de répondre pour continuer sa croissance. Après plusieurs scandales alimentaires, la confiance des Français envers les aliments s’est érodée…

Qualité, santé, simplicité

Les Français se sentent concernés par le respect de l’environnement, le commerce équitable et leur santé, et font évoluer rapidement leurs comportements alimentaires. Ils tendent ainsi à transformer en profondeur ce marché traditionnel. Les critères d’achat évoluent : les consommateurs accordent une attention croissante à la qualité de leurs aliments. Cet aspect est devenu un élément prioritaire dans les décisions d’achat, tout comme le prix (toujours au centre des préoccupations).

Des risques pour la santé ?

Les consommateurs ont besoin d’être rassurés quant à l’impact des aliments sur leur santé. Aussi, 82 % des Français affirment avoir renforcé l’attention qu’ils portent à leur alimentation entre 2012 et 2017 (d’après une étude de l’Observatoire des éthiques dans l’alimentaire). Scandales alimentaires, montée du mouvement végan, modes de vie sédentaires, consommation de produits transformés… Le doute croissant lié au risque alimentaire est le fruit de divers phénomènes cumulés. La sensibilité accrue de la population aux enjeux de santé s’accompagne d’une méfiance toute particulière envers les grands acteurs de l’industrie agroalimentaire. Ainsi, les petites sociétés de l’agroalimentaire et les enseignes de distribution biologique génèrent plus de confiance que la moyenne.

Les produits naturels et locaux

Dans leur recherche de réassurance, les consommateurs se tournent vers une alimentation qui allie plaisir et bienfaits pour la santé : ils semblent voir une des clés du bien-être dans les aliments “naturels” et locaux. L’attrait pour des produits plus simples, à échelon local et respectueux de l’environnement serait, en partie, une résultante des crises et une réponse à la méfiance ressentie envers les industriels de l’agroalimentaire et leurs méthodes.

naturalité

La recherche de naturalité se traduit entre autres par un intérêt marqué pour les aliments ayant des mentions “sans” et “Made in France”. Parallèlement, on observe une croissance de l’attrait pour les produits issus de l’agriculture biologique. En outre, la tendance en faveur des céréales et des légumineuses s’affirme avec 20 % de consommateurs de plus qu’en 2015, soit 38 % d’acheteurs

L’étiquetage et le besoin de transparence

Disposer de plus d’informations relatives aux aliments est une demande des consommateurs français. Ces derniers souhaitent voir apparaître des informations supplémentaires sur les aliments : usage de produits chimiques, présence d’OGM, origine des ingrédients, informations nutritionnelles compréhensibles. S’ils ne pallient pas le manque d’information perçu par les Français, les labels constituent néanmoins un élément de traçabilité qui les rassure.

L’attrait pour le végétal

41 % des Français disent avoir consommé plus de produits végétaux depuis deux ans. Ils cherchent à apporter plus de végétaux dans leur alimentation, avec une déconsommation des produits d’origine animale. Sans pour autant vouloir se conformer à des régimes stricts, les Français sont sensibles à l’influence des pratiques minoritaires. Le prix est le principal frein à la consommation de produits à base de végétaux. Le manque de plaisir et le manque d’assurance constituent deux autres barrières.

Tendance à la simplification

L’accélération des rythmes de vie induit une tendance de fond : la simplification et le raccourcissement de la durée des repas, notamment sur le lieu de travail. Cette évolution se traduit (surtout chez les 15-30 ans) par une baisse de la diversité alimentaire, une consommation croissante de produits transformés (notamment de plats très caloriques), et un plus grand fractionnement des prises alimentaires au cours de la journée sur le modèle des États-Unis.
Pour autant, ces consommateurs  ne sont pas sans contradictions ! Ils sont aussi sensibles à l’origine des produits et préoccupés par leur santé. Ils cherchent avant tout à donner un sens à leur alimentation : le rituel des trois repas par jour synchronisés reste ancré chez eux ; leur besoin de réassurance se traduit aussi par une recherche d’authenticité ; ils aiment également personnaliser leurs plats et se tournent vers des produits “à faire soi-même”. Les quatre clés pour séduire ce public plein d’ambivalence restent la praticité, l’accessibilité financière, la réassurance et le plaisir.

Alimentation et consommateurs : des comportements variés

De nouveaux comportements alimentaires progressent. Davantage de Français optent pour le végétarisme et le flexitarisme, tandis que le véganisme, défini comme un mode de vie, gagne en popularité dans les médias et auprès des consommateurs. Le nombre d’adeptes du régime sans gluten progresse. Autant de nouvelles pratiques alimentaires qui viennent s’ajou­ter aux régimes adoptés par les consommateurs allergiques ou intolérants à certains aliments, même si leur taux de pénétration diffère selon l’âge, le niveau d’étude ou le revenu.

 

 

Prochainement, le 2ème volet de notre série « Nouvelles tendances alimentaires » : Les marchés phares qui profitent de ces nouvelles tendances

En créant une offre plus accessible dans leurs points de vente historiques et via des concepts dédiés, les grandes surfaces alimentaires ont transformé l’alimentation bio en un marché de masse. Ainsi bousculées par l’intrusion de la grande distribution sur leur terrain, les enseignes historiques n’ont pas d’autre choix que de s’interroger sur leurs modèles !

Le développement de concepts dédiés est-il la voie à privilégier ? Les distributeurs parviendront-ils à répondre à une demande exponentielle ? Quelles sont les stratégies de défense des spécialistes historiques ? Pourquoi l’enjeu du sourcing est-il important ? Quels sont les circuits alternatifs opportuns ? Les indépendants auront-ils toujours une place ? Les valeurs du bio seront-elles suffisantes à l’avenir ? Le prix fera-t-il la différence ?

Dans ce marché qui change d’échelle, les défis sont nombreux pour tirer son épingle du jeu…

L’offensive des GSA

“Si les GSA ont tardé à prendre conscience du bio, elles ont mené une vaste offensive ces derniers mois”, affirme Burkhard Schaer, directeur du bureau d’études Ecozept, interrogé en février 2019 par LSA. Elles font désormais du bio l’un des axes majeurs de leur développement et investissent plusieurs milliards d’euros pour conserver leur leadership. Quelques exemples, parmi d’autres :

  • L’enseigne E. Leclerc est l’une des plus offensives en la matière. Forte d’un chiffre d’affaires de 713 millions d’euros sur ce créneau en 2017, elle prévoit d’ouvrir 200 magasins Leclerc Bio d’ici à 2020.
  • Carrefour ambitionne de multiplier par cinq d’ici à 2022 son chiffre d’affaires pour le bio (1,2 milliard d’euros en 2017). Le groupe mène une politique d’expansion agressive avec la création d’une vingtaine de magasins Carrefour Bio et le rachat d’une dizaine de boutiques de l’enseigne So Bio.
  • Auchan, se revendique comme un “militant du bon, du sain et du local” dans une campagne publicitaire lancée fin 2018.

Conscients de la manne de clients à capter, les GSA ne se contentent pas de communiquer sur leurs bonnes intentions, elles souhaitent répondre précisément aux attentes de consommateurs qui aspirent de plus en plus à manger sainement. En ce qui concerne l’offre, l’assortiment proposé en rayon ne cesse de s’étendre. Les références s’enrichissent de marques propres des grandes enseignes (MDD). Les espaces dédiés au bio dans les magasins se multiplient, les mises en avant sur catalogue aussi. Enfin, les GSA parviennent à séduire les consommateurs non enclins à payer plus cher des aliments bio, grâce à leur positionnement agressif sur les prix.

Quelles stratégies de défense pour les spécialistes de l’alimentation bio ?

Face à l’offensive des GSA, les distributeurs spécialisés cherchent à ne pas se laisser distancer. Pourtant, les ventes dans les enseignes spécialisées plafonnent. Elles ont stagné au premier semestre 2018 à + 1 % contre + 17 % au premier semestre 2017 (selon Le Monde de l’Épicerie fine). Ces acteurs se sentent de plus en plus menacés, au point que Biocoop a lancé pour la première fois une campagne publicitaire télévisée. Longtemps, les enseignes spécialistes du bio, pionnières du marché, ont été considérées comme puristes, sectaires ou militantes. Aujourd’hui, elles misent sur leur engagement et leurs valeurs pour continuer à démocratiser le bio.

Selon l’Agence Bio, l’année 2018 a enregistré une forte progression de nouveaux consommateurs réguliers (+ 17 %) – il s’agit des personnes qui consomment au moins une fois par mois des produits alimentaires biologiques depuis moins d’un an. Ces nouveaux consommateurs sont surreprésentés parmi les jeunes de 18-24 ans (27 %), les catégories socioprofessionnelles les moins aisées (20 % environ), ainsi que les femmes (19 %). Ils représentent la cible clé à capter. L’enjeu pour les enseignes spécialisées est aussi de préserver et de marquer leur différence par rapport aux GSA. “Les magasins bio doivent se professionnaliser, renouer avec leurs valeurs fondatrices et fidéliser la clientèle avec du service”, affirme Burkhard Schaer d’Ecozept. Quelques exemples, parmi d’autres :

  • Les Comptoirs de la Bio ont choisi de miser sur l’offre et le service avec des paniers de fruits et légumes proposés sur abonnement.
  • Naturéo a positionné l’enseigne sur un créneau plus sélectif en déréférençant des marques nationales, en développant des labels spécifiques et en instaurant des circuits de récupération des emballages recyclables.
  • Biocoop exploite la carte de la saisonnalité de son offre, de l’écologie et de la production locale pour capter les nouveaux consommateurs du bio.

Face à la position dominante des GSA dans la guerre des prix, certains distributeurs spécialisés réfléchissent à des alliances et des concentrations afin de pouvoir acheter et vendre à un meilleur prix. Enfin, les spécialistes lancent progressivement des plans de transformation de leurs magasins en lieux de vie et d’échange afin de se différencier.

 

Distribution alimentation bioLa sécurisation des approvisionnements, le développement et le renouvellement de sa gamme propre, le renforcement de sa présence sur le territoire, le choix de concepts différenciants, la mise en oeuvre de nouvelles expériences d’achats, la valorisation de son identité bio et de ses spécificités…
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Quarante-six millions en 2015, 101 millions en 2018, 161 millions en 2020 : la croissance du nombre d’objets connectés de santé est estimée à 24,8 % par an en moyenne selon Business Insider. Au sein du marché du selfcare, ce segment est amené à exploser dans les années à venir, et les dispositifs médicaux en libre-service vont logiquement en profiter.

Les consommateurs sont prêts

75 % des consommateurs se disent déjà prêts à acheter des produits de ce type dans leur pharmacie s’ils leur sont proposés. Dans 55 % des cas, la principale motivation est de mieux surveiller son état de forme, puis de l’améliorer pour 15 % des répondants.
La santé est d’ailleurs citée comme le troisième domaine le plus utile pour les objets connectés d’après un sondage BVA mené en novembre 2018, après l’aide à domicile aux personnes âgées et la sécurité. De plus en plus acceptés par les Français, les objets connectés de santé organisent leur écosystème pour gagner en légitimité et conquérir un public encore plus large.

Les innovations se multiplient dans ce segment du selfcare

De nombreuses start-up et fabricants spécialisés dans le digital viennent bousculer les grands groupes du secteur. Les dix sociétés possédant le plus de parts de marché en France ont ainsi reculé de 0,9 % en 2018, tandis que l’ensemble du segment des dispositifs médicaux non-prescrits progressait de 2,8 %.
Il s’agit de décliner en version numérique, souvent accompagnée d’une application dédiée, des appareils médicaux accessibles aux particuliers. Les fabricants tentent d’être présents sur un maximum de segments.

objet connecte sante

  • Les tensiomètres, thermomètres, lecteurs de glycémie et piluliers connectés apparaissent comme les segments les plus porteurs. Ils bénéficient des innovations portées par des start-up particulièrement dynamiques.
  • S’inscrivant à la frontière entre la santé et le bien-être, le bracelet connecté a marqué l’actualité pendant un temps. Il est l’un des produits les plus répandus de la santé connectée et reste une valeur sûre pour les intervenants.
  • La balance connectée se répand. Elle est l’un des objets historiques du rayon, avec 20 000 unités vendues en France dès 2015 selon l’Ifop.
  • Les objets dédiés au sommeil (« sleeptech ») s’ins­crivent dans la tendance bien-être tandis que les fourchettes ou les brosses à dents investissent le quotidien de consommateurs toujours plus nombreux. Toutefois, ces objets devront dépasser leur image de gadgets, pour pouvoir se généraliser.

 

 

Parmi les start-up dynamiques en France : Medissimo (pilulier connecté), BewellConnect (filiale française de Visiomed qui propose une offre variée : glucomètres, thermomètres, tensiomètres et oxymètres connectés), Netatmo (bracelet connecté dédié à la protection contre le soleil), Dreem (bandeau de sommeil connecté), …

L’importance des pharmacies dans le selfcare

La pharmacie est l’un des points de vente les plus en vue pour les dispositifs médicaux connectés. Pour Pharmacien manager, “[le  pharmacien] est en première ligne pour vendre des outils de mesure du poids, de la tension ou du taux de glycémie.” Reste à convaincre les officines de proposer ces objets à la vente, ce qui n’est pas toujours aisé. En 2017, sur les 1 350 pharmacies du réseau Giphar, seules 122 proposaient des dispositifs médicaux, pour un chiffre d’affaires général annuel global de 20 000 euros sur ce segment. Pour les professionnels de ces établissements, la mise en vente de dispositifs connectés est une étape indispensable dans l’optique plus globale de numérisation de l’officine.

 

Justine CarrelCette Étude a été réalisée par Justine Carrel, en collaboration avec Samuel Arnaud
justine.carrel@indexpresse.fr

 

En France, comme à l’international, toutes les maisons de luxe déploient aujourd’hui une stratégie globalisée intégrant le numérique. Si le magasin s’avère toujours déterminant dans l’identité de la marque et son lien avec les clients, l’incursion du digital permet d’envisager de nouvelles possibilités propres à améliorer l’expérience client.

Pour les marques du luxe, et plus encore pour celles de l’ultra-luxe, la différenciation passe par l’expérience d’achat, au sein de laquelle le vendeur tient une place incontournable. Jusque-là, pour les clients, le vendeur était l’unique interlocuteur, avec qui une relation de proximité, voire d’exclusivité, se nouait. En 2019, numérique oblige, l’omnicanal s’installe comme la nouvelle norme de la distribution, y compris dans le luxe. Avec le luxe digital, il s’agit donc de conserver la proximité avec le client, voire de l’amplifier, en créant des synergies entre les circuits et en misant aussi sur la digitalisation des points de vente physiques.

Luxe digital : Proposer une expérience client innovante

Selon une étude PwC Strategy&, une marque de luxe répond aux besoins omnicanaux de ses clients lorsqu’elle s’appuie au moins sur cinq services-clés :

  • La disponibilité du produit en ligne et en magasin en temps réel,
  • La livraison à domicile et click and collect,
  • Le retour produit en magasin,
  • Le programme de fidélité intégré,
  • Le service après-vente en temps réel.

Mais il est indispensable de compléter cette offre de base par des services digitaux innovants tels que la personnalisation des produits à l’aide de l’intelligence artificielle, des chatbots pour converser avec les clients ou encore des essais de produits en réalité augmentée afin de mettre le point de vente au centre de l’expérience. Voici quelques exemples de stratégies opérées par des acteurs du secteur :

  • FDS (filiale dédiée à la distribution de produits de luxe dans les aéroports du groupe LVMH) a cherché à introduire le numérique en magasin par le prisme du jeu. Ainsi, fin 2017, les clients de sa boutique de Venise pouvaient gagner la possibilité de partir sans payer, si le code donné lors du passage en caisse et saisi sur leur téléphone était le bon. Ce dispositif digital original a permis d’engranger des informations sur les clients lors de l’identification, et en même temps de générer une hausse du panier moyen.
  • Fin 2018, en partenariat avec Apple, le groupe Kering a déployé des applications visant à améliorer les services et l’expérience client en boutique. L’une des applications offre la possibilité aux forces de vente d’accéder en temps réel aux stocks pour indiquer au client si telle taille ou telle couleur est bien disponible dans le magasin, ou alors si elle peut être commandée dans un autre.
  • L’enseigne multimarques londonienne Browns a choisi en octobre 2017 de créer un concept store à Londres. Baptisé Nomad, ce point de vente de 400 m2 accorde une large place aux nouvelles technologies, avec des miroirs digitaux interactifs, une densification des produits par RFID (radio-identification), des points de vente mobiles ou encore une “étagère infinie”, permettant de visualiser le stock complet des produits.
  • Le parfumeur de luxe Serge Lutens intègre la réalité virtuelle dans sa boutique parisienne. Une pièce a été spécialement mise en scène, sous la forme d’un boudoir tamisé et délicatement parfumé, disposant de casques Oculus. Le client peut ainsi voyager dans l’univers de la marque grâce au casque de réalité virtuelle. Il entre alors dans l’atmosphère personnelle du créateur, en le rejoignant dans son riad de Marrakech. Le but est de montrer les sources de la création de la marque et d’immerger les nouveaux “Lutensophiles” dans son univers.
  • Des pop-up smart stores pour Hermès. Pionnière sur le volet du digital, la maison Hermès mise depuis longtemps sur la complémentarité entre ses canaux historiques et digitaux. L’opération HermèsMatic, lancée en 2016, est emblématique de ce parti pris omnicanal.
    La démarche s’est déroulée en 3 étapes :

    • Des messages sur les réseaux sociaux informant de la création de laveries gratuites pour rajeunir les célèbres carrés de soie de la marque.
    • La mise en place de pop-up stores abritant des machines à laver aux couleurs de la marque.
    • Sur place, enfin, les propriétaires de foulards ont pu bénéficier d’un service gratuit de rafraîchissement (teinture, lavage, rinçage, assouplissement et séchage). Une fois rénovés, les foulards empaquetés ont été remis gratuitement à leurs détentrices.Hermès a ainsi été précurseur du phénomène des “pop-up smart stores”, identifiés comme l’une des tendances en provenance de Chine appelée à se développer en Europe. Ces “magasins éphémères ont pour ambition d’articuler vente en ligne et vente physique, tout en personnalisant l’expérience client. Dans ce type de boutiques, seul un échantillon représentatif de produits est entreposé. Pour avoir accès à davantage de tailles ou de coloris, les clients peuvent approcher un article équipé en puce RFID des cloud shelves (écrans interactifs donnant accès à la plateforme de vente en ligne). Ils pourront ensuite scanner le QR code d’un produit, de manière à l’acheter via leur téléphone portable et poursuivre leur shopping sans être encombré par leurs achats”, d’après les explications de Bertrand Jouvenot, fondateur du cabinet Brigades du Marketing et auteur d’une chronique, fin 2018, pour Harvard Business Review France.

Conserver les valeurs du luxe

Si la technologie devient l’instrument de l’enri­chissement de l’expérience et du service client (à destination notamment de la population des millennials), l’incursion des nou­veaux outils dans les modes de vente, de communication et de marketing ne doit pas se faire au détriment des valeurs du luxe et de ses clients.

Bien qu’adepte des nouvelles technologies, la jeune génération affiche en effet ses attentes en matière de transparence et d’authenticité. Les millennials recherchent la sincérité dans la communication des marques pour pouvoir adhé­rer à leurs univers et à leurs produits. Il s’agit dès lors pour les maisons de luxe de s’éloigner du traditionnel storytelling afin de proposer une communication plus directe et engageante. Par ailleurs, sur Internet comme en magasin, les marques doivent continuer à maîtriser la sélecti­vité de leurs ventes pour garder la main sur leur image et conserver une part de rareté.

Pour le luxe digital, l’enjeu est de préserver les bonnes recettes d’an­tan en les mêlant à la modernité des attentes des consommateurs d’aujourd’hui. La temporalité du luxe a été bousculée par l’instantanéité du web et des réseaux sociaux. Les marques doivent abso­lument recréer les fondations de leur modèle en cherchant à résoudre les nouvelles équations soumises par leurs clients, entre individualité et esprit de communauté, intensité et esprit décon­tracté, éthique et matérialisme.

 

Repères

Avec 27 milliards d’euros de chiffre d’affaires généré, la vente en ligne de produits de luxe dans le monde ne représente qu’une infime partie de l’ensemble du marché : les ventes globales ont atteint 1 200 milliards d’euros en 2018. Pourtant, fait significatif, ces ventes sur Internet ont pro­gressé de 22 % par rapport à 2017, selon le bilan annuel du cabinet de conseil Bain & Company. Avec un taux compris entre 7 et 8 %, la part du circuit de vente digital dans le marché français est équivalente à la moyenne mondiale. Les générations Y et Z apparaissent désormais comme la cible clientèle à potentiel pour l’uni­vers du luxe. En 2025, ces millennials totaliseront 55 % des ventes.

 

Luxe et digital. Stratégies pour créer de la valeur et se rapprocher des clients, sans renoncer à son identité.
Une étude rédigée par Nadine Bruel, en collaboration avec Justine Carrel

La filière française du recyclage du plastique n’a progressé que de 1 % en 2017 pour atteindre un chiffre d’affaires de 196 millions d’eu­ros. L’objectif du gouvernement d’atteindre 100 % de plastiques recy­clés d’ici 2025 offre à la filière de nouvelles opportunités de développement. Il s’agit de recycler 100 % du plastique collecté en France d’ici 2025, contre 22,2 % en 2016. Très ambitieux, ces objectifs doi­vent permettre à la France de rattraper son retard par rapport à la filière européenne.

Dans le même temps, la restriction de ses importations par la Chine reconfigure le marché mondial du recyclage du plastique. La filière française, autrefois expor­tatrice, doit dès lors augmenter ses capacités de traitement pour intégrer un surplus de déchets.

Dans ce contexte, la filière doit aussi développer les débouchés et les services pour renforcer sa compétitivité. Les plastiques recyclés doivent gagner des parts de marché parmi les plastiques employés par les industriels. Le potentiel est énorme. Seulement 300 000 tonnes de plastique sont pour l’instant réincorporées, alors que 3,6 millions de tonnes sont mises sur le marché.

Emballage, bâtiment, automobile : les clients incontournables du plastique recyclé

L’emballage, le bâtiment et l’automobile sont déjà des secteurs consommateurs de plastiques recyclés incontournables. Ils se sont engagés auprès du gouvernement à intégrer 275 000 tonnes de plas­tiques recyclés d’ici 2025. Ces engagements devraient faire monter à 13,5 % la part du plastique recyclé dans l’industrie.

Toutefois, de nouveaux débouchés restent à identifier. Après la collecte de plus grands gisements de plastique à recycler et le développement des capacités industrielles et de la R&D pour leur traitement, l’enjeu pour les recycleurs est désormais de trouver de nouveaux acheteurs de matière recyclée.

Au vu de la consommation de plastique vierge dans l’industrie, le potentiel est important. “On consomme 5 millions de tonnes de plastiques en France, 50 millions de tonnes en Europe et 350 millions de tonnes à l’échelle du monde”, rappelle Jean-Marc Boursier, président de la Fead (Fédération européenne des activités de dépollution) dont les propos ont été repris par Recyclage Récupération en juillet 2018. Les spécialistes prévoient même une consommation multipliée par 50 environ en 50 ans. Le plastique recyclé devra alors gagner des parts de marché dans ces volumes. Au niveau européen, l’utilisation de plastiques recyclés ne représente encore que 7 % de la production.

Repères : Filière de l’emballage

  • 188 000 tonnes de plastiques recyclés supplémentaires incorporés d’ici 2025
  • 70 % des promesses totales émises par les entreprises et les fédérations auprès du gouvernement en juillet 2018
  • Nombreuses initiatives des donneurs d’ordre (marques alimentaires et d’hygiène beauté par exemple) et partenariats entre plasturgistes, fabricants d’emballages et distributeurs.

Repères : Filière du bâtiment

  • 77 000 tonnes de plastiques recyclés supplémentaires incorporés d’ici 2025
  • 27 % des promesses totales émises par les entreprises et les fédérations auprès du gouvernement en juillet 2018
  • Les potentiels de développement du plastique recyclé dans cette filière :
    • Apporter de la valeur ajoutée (« upcycling »)
    • Le secteur de la voierie pour lequel le plastique recyclé suscite l’intérêt du fait de son coût et de son innovation

 Repères : Filière de l’automobile

  • 12 000 tonnes de plastiques recyclés supplémentaires incorporés d’ici 2025
  • Dans cette filière, les débouchés s’étendent hors des frontières et concernent les constructeurs et équipementiers
  • Les conditions de développement :
    • Trouver des approvisionnements en plastique recyclé en quantité et qualité suffisantes, et à un prix compétitif
    • L’innovation

D’autres débouchés à explorer pour le plastique recyclé

D’autres domaines restent à explorer pour les acteurs du recyclage. L’électronique, l’agriculture ainsi que les sports et loisirs consomment moins de 5 % de la production de plastique vierge en France, mais des initiatives d’écoconception, avec intégration du plastique recyclé, offrent déjà de nouvelles perspectives sur certains marchés de ces secteurs.

Les équipements électriques et électroniques, des initiatives anciennes et à venir

Certaines entreprises de la filière sont déjà impliquées de longue date dans l’écoconception, à l’image de HP, Lexmark, Canon, Konica, Phillips, SEB, Electrolux et Nespresso. En outre, des grands acteurs de la filière sont mobilisés pour augmenter les volumes de plastiques recyclés dans leurs produits de 50 % à 100 % d’ici 2025.

L’upcycling, une tendance nouvelle dans l’industrie textile

Le secteur de l’habillement, des articles de sport et des accessoires est également actif en matière d’écoconception. Des démarches se développent dans le monde, à plus ou moins grande échelle, pour répondre notamment à la tendance écoresponsable dans l’industrie textile. Certaines entreprises, à l’image de Hopaal, en font leur ADN.

 L’agriculture, déjà active en écoconception

La filière du plastique agricole, nommée “plasticulture” s’engage également à soutenir l’objectif du gouvernement d’atteindre 100 % de recyclage pour les plastiques usagés à l’horizon 2025. L’atout de ce secteur repose sur sa filière de collecte et de traitement, qui est âgée d’une dizaine d’années et qui affiche déjà de bons résultats. “Représentant à peine 2 % du plastique utilisé en France, les plastiques agricoles contribuent à hauteur de 20 % des plastiques recyclés au plan national” (Paul Cammal, président du Comité français des plastiques en agriculture – CPA)

La valorisation énergétique : une voie parallèle au recyclage

La valorisation énergétique apparaît comme une alternative au recyclage. Elle représente une solution à la fois concurrente et complémentaire au recyclage. Elle est sa concurrente car elle absorbe des déchets qui ne seront donc pas transformés en plastiques recyclés. Mais, elle représente également une voie intéressante car elle permet d’écouler tous les déchets qui ne peuvent pas être recyclés, pour des raisons de coûts liés aux techniques à employer ou parce que les quantités ne sont pas suffisantes pour optimiser le recyclage. Elle leur évite alors la mise en décharge ou le recyclage forcé.