L’épanouissement professionnel, segment émergent du marché du bien-être

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Profitant d’une dynamique favorable, le bien-être est un marché porteur qui affiche une croissance annuelle moyenne de 6,4 %. Dépassant le simple cadre consumériste, le bien-être se positionne comme un choix de style de vie. Plus communément mentionné sous le terme anglais Wellness, le marché regroupe un large éventail de biens et d’activités. Moins développé que d’autres segments, le bien-être au travail offre des opportunités. Marché restreint, il est amené à prendre de l’importance avec la prise en compte grandissante des problématiques de perte de productivité et des maladies professionnelles.

Être bien pour travailler mieux, genèse d’une prise de conscience

Le bien-être au travail s’impose en milieu professionnel sous l’impulsion des nouvelles générations d’employés. Celles-ci accordent dorénavant une importance majeure au bien-être et à l’épanouissement au sein de leur environnement de travail. Ces nouvelles préoccupations ont été confortées par des mesures législatives suite à la vague de suicide chez France Telecom survenue en 2005. Contraintes par des lois plus rigides et répondant à la demande croissante des salariés, les entreprises ont progressivement intégré des politiques de prévention des risques psychosociaux.

Lorsqu’elle occupait le poste de directrice générale des ressources humaines de Danone en 2010, Murielle Penicaud, actuelle Ministre du Travail, s’est engagée dans cette problématique en rédigeant un rapport intitulé « Le bien-être et l’efficacité au travail ». Le document affirme l’importance de considérer la santé des salariés comme un critère pour évaluer les performances des entreprises. Identifiant dix propositions, le rapport s’érige en guide destiné aux entreprises, pour qu’elles puissent développer une réelle culture du bien-être au travail. Cette culture est essentielle, puisqu’elle constitue la solution optimale pour lutter contre l’absentéisme. Ce phénomène aurait amputé 107,9 milliards d’euros aux sociétés françaises en 2018.

Les nouvelles pratiques du bien-être mental

De nombreux salariés français souhaitent disposer d’espaces de repos. Des travaux scientifiques ayant démontré l’efficacité des micros-siestes pour améliorer la productivité, certaines sociétés ont installé des pièces dédiées. Ainsi, les employés de Renault au Plessis-Robinson peuvent utiliser des cabines équipées d’un lit et d’un régulateur de luminosité. Ils sont autorisés à s’y ressourcer pendant 20 minutes.  Le bien-être mental attire aussi l’intérêt des dirigeants. Au sein des sociétés, les séances de méditation, sophrologie ou yoga sont en voie de démocratisation. Organisées en interne, elles visent à éliminer la charge mentale qui, si elle s’accumule, peut mener à des situations de burn-out. Toutefois, ces activités rencontrent encore quelques  opposants dans les hautes sphères dirigeantes. Elles sont donc pratiquées sur la base du volontariat et ne font que rarement l’objet de plan de promotion auprès de l’ensemble des salariés.

Développer la pratique sportive au travail, un souhait parfois difficile à concrétiser

« Si l’on est en grande forme physique, on est aussi plus performant professionnellement. Le sport est une belle façon de fédérer les équipes » affirme Pierre Guirard, cofondateur de WYZ Group, qui propose des solutions digitales pour l’industrie automobile. Les activités physiques sont plus plébiscitées par les employés que les activités mentales, qui peuvent apparaître comme des pratiques nouvelles parfois obscures. Toutefois, la mise en place de temps et de structures dédiées au sport reste rare. Les grands groupes ont les capacités d’aménager une salle de sport ou de rembourser un abonnement à un club de sport. À l’inverse, les PME et TPE se plaignent du manque de moyens humains et financiers pour mettre sur pied des programmes dédiés à l’épanouissement physique des employés. Elles estiment qu’il serait judicieux qu’une incitation financière leur soit attribuée, pour satisfaire les attentes sportives de leurs employés.

Une opportunité pour les prestataires extérieurs

La hausse de la demande suscite l’intérêt des prestataires. Certaines entreprises sont déjà installées depuis quelques années sur le segment, comme PassZen, Obiance ou La Pause Santé. Elles ont rapidement étoffé leurs catalogues en y ajoutant des ateliers de relaxation, des massages ou même des conférences. Elles se présentent comme des partenaires au service du bien-être et de la qualité de vie au travail. À côté de ces grossistes, une multitude de prestataires indépendants cherchent à prendre des places : professionnels de santé, coachs, anciens cadres d’entreprise reconvertis en conseillers, pratiquants de shiatsu ou de méditation, etc. Des plateformes de mise en relation avec les entreprises se créent. Les professionnels y vendent leurs séances. La plateforme Le Bon Coach référence aujourd’hui plus de 300 intervenants qui proposent des séances en entreprise. Pour obtenir encore plus de contrats, les prestataires doivent désormais transformer leur image. Parfois perçus comme des vendeurs de gadgets, il leur incombe de convaincre les dirigeants des entreprises du bien fondé des pratiques proposées. Une fois cette barrière brisée, le marché du bien-être pourra s’insérer massivement et durablement dans les entreprises.

À PROPOS DES MARCHÉS DU BIEN-ÊTRE

En France comme dans les autres économies développées, se sentir bien ne s’apparente plus à un désir superflu mais s’installe comme une nécessité. Que ce soit dans leur vie personnelle ou professionnelle, le besoin de bien-être occupe les esprits des consommateurs et occasionne une demande exponentielle de massages antistress, séjours de relaxation, séances de sophrologie, cours de fitness et autres sessions de yoga.
Les marchés de prestations de services de bien-être connaissent ainsi une forte croissance de leur activité depuis le début des années 2010 et sont appelés à se développer encore notablement au cours des quatre à cinq ans à venir.
Aux côtés des traditionnels instituts de beauté, spas, salles de sport, stations thermales et centres de thalassothérapie, de nouveaux intervenants font leur apparition en amenant avec eux de nouvelles disciplines, méthodes et technologies. Des start-up prennent position à la fois pour faciliter l’interaction entre les professionnels et leurs clients, et pour proposer leurs propres solutions de bien-être, en particulier à destination des salariés et de leurs employeurs. Flexible et ouvert à la nouveauté, le segment du développement et du bien-être de la personne voit également se multiplier les entrepreneurs individuels désireux de proposer leurs services de conseil ou de coaching et de démocratiser des disciplines plus ou moins reconnues.
La multiplicité des activités crée une concurrence acharnée au sein des différents marchés, mais aussi entre les segments, dont l’activité est parfois atomisée. Si la force des ressources entraînera un premier arbitrage dans cette profusion d’offres, la différenciation devra emprunter d’autres voies pour permettre aux professionnels les plus légitimes de se faire une place durable et imperméable aux effets de mode.

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