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Rassemblant les véhicules de type EDP et EDPM (engins de déplacement personnel, éventuellement motorisés), la micro-mobilité bénéficie d’un nouvel engouement en France.

Le marché est ainsi passé de 186 millions d’euros en 2017 à plus de 290 millions en 2020, soit une progression de plus de 56 %.

En y ajoutant les accessoires, le marché atteignait alors 329 millions d’euros, et aurait dépassé les 450 millions d’euros pour l’année 2021 selon une étude de la Fédération des professionnels de la micro-mobilité.

Cette croissance a été le fait des véhicules électriques : leur chiffre d’affaires a doublé sur la période tandis que celui des véhicules standards a reculé de près de 21 %. 

Des pratiques favorisées par la crise Covid

L’engouement pour les mobilités dites douces, favorisant un autre moyen de transport que la voiture, n’est pas totalement nouveau. Il a toutefois connu un nouvel élan avec la crise sanitaire.

“Le dynamisme est ancien. Avant même la vague des trottinettes électriques, il y a eu la mode des trottinettes mécaniques. (…) Depuis, la révolution de la micro-mobilité, avec des engins bénéficiant d’innovations de rupture améliorant l’autonomie et les performances, n’a fait que renforcer cet engouement.”

soulignait ainsi dans LSA Jean Ambert, spécialiste de la mobilité au sein du cabinet Smart Mobility Lab.

Bien que les entreprises du secteur aient pu souffrir à court terme de l’apparition de la pandémie de Covid-19, celle-ci a modifié les habitudes des usagers, accélérant à terme le déploiement des EDP. En 2022, la fréquentation des transports publics n’avait toujours pas retrouvé son niveau d’avant-crise : elle était en mars encore inférieur de 20 % en Île-de-France et de 15 % dans le reste de la France.

Interrogé par BFM TV, le PDG de Transdev Thierry Mallet indiquait : “On n’est pas revenu à la normale, et il y a probablement un talon dur de 10 % de personnes qui ont changé de comportement, et ne sont pas sûres de revenir à court terme.”

Si le télétravail constitue l’une des causes de cette désaffection, le report modal explique lui aussi une partie du phénomène. Préférant des transports individuels, jugés plus sûrs, les Français ont délaissé le réseau public, où les risques de contagion sont plus importants. Un sondage mené en 2021 par l’Union des transports publics (UTP) indiquait que, pour 64 % des personnes interrogées, les transports en commun représentaient “un vecteur de propagation du Covid-19”.

Dans ce cadre, les EDP profitent de plusieurs caractéristiques : flexibles, ils permettent de se déplacer seul et en plein air. Une autonomie appréciée par 84 % des usagers interrogés dans un sondage de 2019.

« Si la micro-mobilité connait une croissance exponentielle depuis la mise sur le marché des trottinettes électriques, on observe aujourd’hui un changement net des motivations des utilisateurs qui sont de plus en plus nombreux à avoir recours à la trottinette électrique pour des déplacements domicile-travail réguliers ou quotidiens. Ces nouveaux usages, observés durant la crise sanitaire, se sont accélérés depuis la hausse des prix du carburant. Les Français se sont appropriés ce nouveau mode de mobilité et, si les nouveaux entrants dans la micro-mobilité continuent d’augmenter, les utilisateurs réguliers renouvellent, dans près de 80 % des cas, leur EDPM pour un produit plus robuste et plus durable, correspondant mieux à leur usage.»

explique Grégoire Hénin, Vice-président de la FP2M.

Une image écologique contestable mais qui profite au secteur

Les moyens de transport de micro-mobilité disposent d’une bonne réputation sur le plan environnemental.

Déjà en 2019, un sondage montrait que 79 % des personnes interrogées utilisaient un EDP pour des raisons écologiques. Cette tendance a d’ailleurs été perçue par Monoprix. La directrice des concepts et de l’innovation, Maguelone Paré, déclarait à LSA en 2021 : “Nous travaillons la mobilité comme un acte écologique et militant.”

Les VAE et les EDPM électriques bénéficient ainsi de leur mode de propulsion, silencieux et n’émettant pas directement de gaz à effet de serre.

Il est toutefois possible que cet avantage s’estompe au fil du temps, les bénéfices écologiques se montrant en réalité relativement faibles. La majorité des trottinettes électriques sont en effet produites en Chine, la société Okai fournissant la plupart des leaders du secteur (Lime, Bird, Pony, Dott, Tier, Voi…). La fabrication des batteries, le ramassage par véhicules thermiques des trottinettes en libre-service (pour être rechargées) ou encore leur renouvellement fréquent, notamment à cause des dégradations, conduisent à fortement augmenter le bilan carbone de ces engins.

Une étude publiée fin 2020 montrait que les trottinettes partagées à Paris avait généré 13 000 tonnes de CO2 supplémentaires, en particulier du fait d’un report modal défavorable : la majorité des utilisateurs délaissaient des modes de transport peu émissifs comme le métro, seuls 7 % des trajets avaient remplacé un recours à la voiture.

Le secteur a toutefois fait des efforts pour améliorer son impact environnemental, notamment en mettant en place en 2020 une filière de recyclage des batteries. Organisée en partenariat avec les éco-organismes Screlec et Ecologic, elle visait à recycler 50 tonnes de batteries en 2021, ce qui correspondrait à environ 10 % des mises sur le marché.

En levant 300 millions d’euros en février 2021 auprès du fonds américain Insight Partners, IAD est devenue la première PropTech française à atteindre le statut de licorne – sa valorisation dépasse un milliard de dollars.

Fondé en 2008, le réseau a dépassé les 400 millions d’euros de chiffre d’affaires en 2021 et représente 4 % des compromis de vente signés dans l’Hexagone.

Spécialisé dans la transaction immobilière, il compte doubler cette part d’ici 2026 afin de rivaliser un peu plus avec les agences traditionnelles et de ne pas se laisser doubler par la concurrence étrangère qui s’installe en France, notamment eXp, un groupe américain arrivé en 2020 et prônant un modèle similaire à IAD.

Les axes clés de sa stratégie

S’appuyer sur des agents indépendants et une absence d’établissements physiques

IAD fonctionne sans agences physiques et avec peu de salariés : ses vendeurs immobiliers sont des mandataires indépendants travaillant sur des logiciels communs. Le réseau en compte 14 000, dont 12 500 dans l’Hexagone, des chiffres qui ont quintuplé entre 2016 et 2021.

Selon le groupe, cette force de vente est la plus importante du marché sur le segment résidentiel. Ce fonctionnement lui offre un maillage serré du territoire, tout en réduisant ses frais fixes (pas de loyers d’agences, moins de cotisations salariales, etc.).

Accélérer sur la digitalisation des process et les outils numériques

Pour attirer puis fidéliser les mandataires, IAD s’appuie sur des solutions modernes.

“Nous investissons beaucoup dans la gestion des données, l’intelligence artificielle, l’apprentissage statique… Cette dimension technologique est aujourd’hui au cœur de la bataille de l’immobilier”

assure Clément Delpirou, directeur général de l’entreprise.

La levée de fonds réalisée auprès d’Insight Partners, spécialisé dans les solutions technologiques et les logiciels, doit également permettre de creuser un peu plus l’écart vis-à-vis de ses concurrents sur ce point.

IAD réalise aussi des partenariats allant dans ce sens : en mai 2022, il s’est associé avec la PropTech française Ikimo9 afin que les mandataires puissent bénéficier d’un nouveau comparateur de logements neufs, une catégorie sur laquelle IAD affiche de fortes ambitions.

Homogénéiser les solutions informatiques pour optimiser le développement international

La digitalisation s’impose également comme un levier de productivité majeur à l’international.

Pour développer ses filiales étrangères et anticiper son lancement sur de nouveaux marchés, IAD a déployé en 2021 un programme de transformation nommé Hermes 21. Celui-ci vise à harmoniser les systèmes d’information de chaque pays, à fluidifier la production d’informations financières, et à accélérer et fiabiliser la transmission de données grâce à un ERP (progiciel de gestion intégré) commun.

“C’est un changement de paradigme à tous les niveaux, depuis la qualité de la data intégrée dans l’outil jusqu’au processus de clôture”

estime Agnès Elenda, responsable de la comptabilité, de la trésorerie et de la consolidation.

Déjà présente en Espagne, au Portugal, en Italie, en Allemagne et au Mexique, IAD vise à terme une implantation dans d’autres pays, notamment sur le continent américain.


Chiffres-clés
  • 400 salariés
  • Plus de 18 000 mandataires indépendants
  • Plus de 70 000 biens en ligne
  • 31 millions d’euros de chiffre d’affaires du 1er juillet 2021 au 30 juin 2022

Source : site web de l’entreprise


Historique
  • 2008 Création d’IAD à Seine-Port, 4 salariés et 10 conseillers
  • 2010 Lancement des premiers pôles de formation
  • 2012 Entrée de Naxicap au capital d’IAD
  • 2013 Inauguration de l’Université en ligne
  • 2015 Lancement d’IAD Portugal
  • 2016 Cap des 50 000 transactions
  • 2018 Lancement d’IAD Espagne et d’IAD Italie
  • 2018 Plus de 200 pôles de formation
  • 2020 Le réseau Neximo au mexique rejoint IAD
  • 2021 Lancement IAD en Allemagne
  • 2021 IAD, première licorne française de la proptech

Source : site web de l’entreprise

Fondée en 2017, Unlatch a développé un logiciel permettant d’accélérer les ventes immobilières et d’en fluidifier la gestion grâce à la numérisation d’un maximum de tâches.

La société propose différentes fonctionnalités avec son outil, telles que le suivi des intervenants (notaires, commerciaux…), de l’avancement des travaux modificatifs acquéreurs (TMA), de la relation client ou encore des présentations d’indicateurs financiers concernant les ventes réalisées.

Unlatch a été créée par les fondateurs de LegaLife, une entreprise spécialisée dans la digitalisation des documents juridiques des particuliers.

Les axes clés de sa stratégie

Proposer un système simple, fiable et rapide

L’entreprise met en avant la simplification de la gestion des procédures administratives liées aux transactions immobilières pour convaincre ses potentiels clients.

“Notre outil réduit ainsi de quatre semaines le délai moyen entre la réservation du bien et la signature chez le notaire, ce qui représente un enjeu financier pour les promoteurs”

expliquait le cofondateur d’Unlatch, Thomas Rivoire, dans Le Moniteur en mai 2020.

La solution de la société peut en outre améliorer la collaboration avec l’ensemble des intervenants, accélérant là aussi la finalisation des dossiers.

Johan Sandéry, chargé de marketing chez le promoteur Hélénis, jugeait ainsi “qu’Unlatch améliore l’expérience client, fluidifie le travail des parties prenantes, et les informe en temps réels des tâches à réaliser grâce à une plateforme collaborative”.

Unlatch disposait de plus de 300 clients promoteurs sur le marché de l’immobilier en France en 2021 (Kaufman & Broad, Quartus…), soit entre un quart et un tiers du marché.

L’année 2020 a été positive pour l’entreprise avec une croissance de 40 % de son chiffre d’affaires.

Se déployer à l’international

La société a entamé son implantation à l’étranger avec une filiale en Belgique fin 2019.

Elle a poursuivi son internationalisation avec le lancement d’Unlatch Espagne mi-2021, avant un déploiement sur le marché britannique en octobre 2021. Unlatch a réalisé dans cet objectif une levée de fonds de 5,2 millions d’euros à la même période, auprès d’Axa Venture Partners, branche de l’assureur dédiée à l’investissement.

Cette opération de financement devait également servir à développer de nouveaux services et accroître la présence commerciale de l’entreprise en procédant à des recrutements.

Montrer l’importance de la digitalisation pour le secteur de l’immobilier

Unlatch a publié en 2021 un baromètre sur la promotion immobilière. Ce dernier vise à souligner la contribution que peut apporter le numérique pour lutter contre la crise du logement.

Interrogé par le site Internet Blasting News, le dirigeant d’Unlatch, François Marill, se montrait optimiste quant à l’accompagnement des pouvoirs publics :

 “Nous sommes confiants que l’État va soutenir le secteur. Il manque en effet des logements pour les Français. Et puis le BTP tient une place importante dans l’économie. C’est pourquoi, nous espérons des dispositifs et des actions afin de redynamiser l’offre de nouveaux programmes. (…) Nous restons vraiment attentifs aux actions de soutien que pourrait décider l’État pour permettre aux promoteurs d’agir en toute confiance.”

L’entrepreneur souhaitait par ailleurs que les municipalités délivrent davantage de permis de construire afin d’accélérer les mises en chantier.


Chiffres-clés

  • En deux ans, Unlatch est devenu le leader de la vente immobilière digitalisée.
  • 11,7 milliards d’euros de biens immobiliers vendus sur la plateforme Unlatch.
  • + 100 000 Personnes utilisent les solutions d’Unlatch.
  • 99% des biens immobiliers présents sur Unlatch sont vendus grâce à la signature électronique.
  • 25% des biens immobiliers disponibles sur Unlatch sont vendus à distance.

Source : site web de l’entreprise

La dynamique des créations de start-up dans le domaine de la PropTech montre une montée en puissance du secteur et du marché de la PropTech en France.

Le cabinet KleinBlue notait que le nombre d’acteurs recensés en France avait augmenté d’environ 47 % entre 2019 et 2020. Ceux présents sur le segment de la recherche et transaction étaient ainsi passés de 86 à 111, tandis que les start-up positionnées dans la gestion avaient dépassé la centaine alors qu’elles n’étaient que 75 un an plus tôt.

Quant au segment du financement, il a vu son nombre d’acteurs s’accroître également, atteignant 63 en 2020 contre 44 l’année précédente.

Les acteurs du marché français de la PropTech continuent de bénéficier d’un soutien financier considérable de la part des investisseurs. Les montants levés se sont en effet accrus de façon importante, passant de 177 millions d’euros en 2017 à 282 millions en 2020.

Le développement du marché de la PropTech en France renforce l’intérêt d’investisseurs historiques ou nouvellement créés, qui mobilisent d’importants capitaux pour consolider le financement du secteur.

Le fonds Axeleo Capital

Mi-2020, le fonds Axeleo Capital a lancé PropTech 1, un véhicule d’investissement spécialisé doté à terme de 50 millions d’euros. Il en avait déjà rassemblé 35 lors de sa création, notamment auprès de la Banque des Territoires, Allianz, Vinci ou encore RTE. En fin d’année, il avait investi dans les start-up Check & Visit et Garantme, après avoir étudié environ 450 dossiers.

Le président d’Axeleo, Éric Burdier, détaillait dans Les Échos le soutien concret apporté aux acteurs sélectionnés : 

“un volet financier pour injecter du kérosène dans la phase de croissance (…) un accompagnement stratégique et opérationnel faits de conseils, méthodologie, un cadre de travail aussi, et l’accès à un écosystème d’experts, grands donneurs d’ordre et acteurs du secteur”.

A propos d’ Axeleo Capital

Lancée en 2017, Axeleo Capital (AXC) est une société de capital-risque basée en France soutenue par une large communauté d’entrepreneurs technologiques. Elle propose aux créateurs d’entreprise français et européens un cadre d’accompagnement alliant investissement early stage, accompagnement sur-mesure et accès direct à un écosystème de plus de 100 entrepreneurs aguerris.

La société d’investissement Amavi

En 2020, la société d’investissement belge Amavi a été lancée, et a rassemblé en un an plus de 30 millions d’euros. Elle annonçait en mai 2021 pouvoir atteindre 60 millions d’euros pour son fonds spécialisé dans le secteur. Souhaitant “faire le lien entre l’immobilier traditionnel et la PropTech”, Amavi se tourne vers le marché européen et a démarré ses investissements dans des start-up belges, finlandaises ou encore néerlandaises.

A propos d’Amavi

Amavi se décrit comme l’un des premiers acteurs à se concentrer uniquement sur le segment de la PropTech en Europe. Amavi est un véhicule d’investissement entièrement indépendant avec un réseau européen, créé pour soutenir la croissance des scale-ups leaders et les plus prometteuses actives dans l’industrie PropTech.

La société immobilière JLL

Dès 2018, la société immobilière américaine JLL avait lancé un fonds de 100 millions de dollars pour investir dans la PropTech jusqu’en 2023. Charles Boudet, directeur général de JLL France, annonçait fin 2018 dans Le Moniteur vouloir “investir dans deux à cinq start-up européennes d’ici la fin de l’année par le biais de participations qui oscilleront entre quelques centaines de milliers d’euros et plusieurs millions d’euros.” Le fonds de JLL intervient tant en phase d’amorçage qu’au niveau du capital développement.

A propos de JLL

JLL est une société spécialisée dans les services immobiliers et le pilotage d’opérations d’investissements. JLL se positionne sur le futur de l’immobilier grâce à l’usage de technologies afin de générer des opportunités immobilières fructueuses, des environnements de travail uniques et des solutions immobilières durables pour ses clients, ses collaborateurs et pour les différentes communautés qui composent le groupe. JLL est une société du Fortune 500 ayant un revenu annuel de 19,4 milliards de dollars, qui réalise des opérations dans plus de 80 pays, et qui compte près de 102 000 collaborateurs au 30 juin 2022.

Lancée en 2016, la société Protifly se spécialise dans la production de larves de mouches soldats noires destinées à l’alimentation animale, sous la forme de produits solides ou d’huiles. Le frass généré par les larves est également utilisé, en tant qu’engrais pour les cultures. Protifly est implantée dans les Landes, et s’est basée sur l’écosystème local pour démarrer son approvisionnement comme pour décrocher ses premiers clients. Soutenue au départ par le technopôle Agrolandes, elle a depuis rassemblé d’autres partenaires autour de son projet (Famae, l’INRA, Bpifrance…).

LES AXES CLÉS DE LA STRATÉGIE DE PROTIFLY

Offrir des solutions protéinées issues des insectes au secteur de l’aquaculture

Protifly s’est d’abord lancé sur le marché de l’alimentation pour poissons d’élevage, et a en particulier décroché un contrat avec le leader européen Aqualande, spécialiste de la truite lui aussi implanté dans les Landes. Protifly a ouvert à Saint-Maurice-sur-Adour un prototype de site industriel afin de tester ses procédés, puis une première unité de production sur une surface de 800 m². En 2021, elle a démarré l’installation d’un autre site, cette fois-ci de 4 000 m², dans la commune d’Ychoux. Ce dernier devrait entrer en fonction en 2023.

À l’été 2021, Protifly produisait environ une tonne et demie de protéines d’insectes par jour, soit près de 550 tonnes à l’année. L’entreprise souhaiterait à terme atteindre une production annuelle de 5 000 tonnes.

Pour son approvisionnement, la société s’est notamment basée sur les coproduits végétaux issus de l’activité d’Antarctic Food, spécialiste des légumes surgelés implanté dans la région. Protifly récupère en particulier les résidus de maïs.

« Notre objectif est de dupliquer ce modèle en installant d’autres unités de production en France et même à l’international. Nous souhaitons implanter ces sites à proximité de nos sources d’approvisionnement en coproduits, toujours dans cette logique d’économie circulaire »

explique Maxime Baptistan, PDG de la jeune société

Diversifier les marchés et l’implantation géographique

Après la pisciculture, Protifly souhaite poursuivre dans l’alimentation animale et a étendu fin 2021 son activité au domaine des poules pondeuses. Ces dernières sont nourries directement avec les larves de mouches séchées.

L’entreprise envisage par ailleurs une expansion internationale, notamment en Afrique du Nord. Une telle décision lui permettrait de contourner les restrictions sur les farines animales mises en place sur le marché européen, le temps que la législation évolue vers davantage d’autorisations pour l’usage des protéines d’insectes.

Accroître les financements et les effectifs

Disposant de 13 salariés mi-2021, la société prévoyait d’en recruter entre 15 et 20 du fait de l’extension de ses capacités de production. Depuis 2018, elle a levé 3,2 millions d’euros pour accélérer le déploiement de son activité. Elle a de plus reçu 2,2 millions d’euros d’aides dans le cadre du programme France Relance. Elle a en effet été considérée comme revêtant un caractère stratégique du fait de l’enjeu de la souveraineté alimentaire. Ces fonds doivent notamment servir à financer le second site de production d’Ychoux.

Au niveau européen, la production d’insectes connaît un attrait certain

Le nombre d’acteurs présents dans le domaine a augmenté de façon considérable : de seulement cinq membres en 2014, la fédération européenne Ipiff est passée à 55 membres en 2020 et en comptait 82 à l’été 2022.

Au total, environ 150 sociétés seraient positionnées sur ce marché en Europe.

Insectinov, événement organisé par le think tank Adebiotech, AgroParisTech et l’Institut de recherche pour le développement (IRD), voit aussi son affluence croître avec 200 participants lors de sa dernière édition fin 2019.

Un cadre légal en développement

L’instauration d’un cadre légal plus stable et transparent ainsi que l’extension des insectes autorisés favorisent la croissance du secteur. Les institutions européennes participent de cette évolution en multipliant les appels à projet pour stimuler le secteur et le marché de la production d’insectes.

Un soutien croissant des institutions européennes

L’évolution des institutions européennes vers un soutien plus prononcé à la production d’insectes se manifeste notamment avec le programme ValuSect.  Lancé en 2020, il avait mis en place deux appels à candidatures pour les petites et moyennes entreprises (PME) spécialisées dans les insectes pour l’alimentation animale.

En avril et novembre 2021, deux autres appels à projets ont été lancés avec comme finalité de répartir en bons de services une enveloppe de 850 000 euros.  Financé par la Commission européenne, ce montant se décline en des aides allant de 10 000 à 40 000 euros. Une nouvelle opération a été effectuée début 2022, pour un budget total de 300 000 euros.

Seules quatre espèces d’insectes ont été retenues pour la réalisation des projets (vers de farine, grillons, sauterelles et mouches soldats noires).


“De la ferme à la fourchette”, un programme favorable au développement de la production d’insectes

Lancée mi-2020, la stratégie européenne “De la ferme à la fourchette” vise à accélérer la transition agroécologique des systèmes agricoles sur le continent.

La production d’aliments biologiques se révèle notamment favorisée, avec un objectif de 25 % de surfaces allouées au bio à l’horizon 2030.

Divers autres axes ont été fixés, tous dans une logique de protection de l’environnement : réduction de 50 % des risques et de l’usage des pesticides pour 2030, diminution de 20 % de l’utilisation des engrais…

Cette politique est perçue comme favorable à la production d’insectes par les industriels du secteur, qui mettent en avant les bénéfices environnementaux de leur activité. La Commission européenne estime notamment que les insectes pourraient permettre de réduire l’importation de soja. L’organisation professionnelle Ipiff souhaite ainsi promouvoir la mise en place d’une certification biologique pour les produits à base d’insectes.

Nourrir une population mondiale grandissante…

La production d’insectes est dynamisée par la montée en puissance des enjeux environnementaux.

La population mondiale devrait dépasser les 8 milliards d’individus en 2022 pour atteindre près de 10 milliards en 2050. La consommation de viande par personne devrait quant à elle augmenter d’environ 10 % entre 2015 et 2030 selon la FAO.

La nécessité de produire davantage de protéines animales tout en limitant l’utilisation des ressources naturelles devient donc un argument majeur pour le développement du secteur.

… Tout en préservant les ressources naturelles

La production d’un kilo de sauterelles requiert en effet environ 1,7 kilo de protéines végétales, contre 10 kilos pour la même quantité de viande de bœuf. Outre ce taux de conversion favorable, le niveau de protéines contenues dans de nombreux insectes s’avère particulièrement élevé, de l’ordre de 70 %. Les viandes de bœuf, de porc ou même le thon ne contiennent pour leur part qu’une trentaine de grammes de protéines pour 100 grammes.

Des surfaces agricoles réduites

En termes de surfaces nécessaires pour la production, les insectes afficheraient une réduction de 98 % par rapport aux protéines végétales d’après les industriels du secteur. Leur fort taux de protéines combiné à une production très dense, à la verticale, et une alimentation basée sur les déchets agricoles, voire les rebuts alimentaires, permettraient d’en produire en grande quantité sans avoir à accroître les surfaces agricoles allouées.

Un approvisionnement simple

Les quantités disponibles pour approvisionner le secteur se montrent considérables, le gaspillage alimentaire en Europe représentant plus de 129 millions de tonnes chaque année. Une très forte production, telle que décrite dans le scénario prospectif de la Commission européenne, réduirait ce volume de moitié.

Des impacts macroéconomiques forts

Les transformations induites tant sur l’offre que sur la demande auraient également des impacts macroéconomiques, faisant diminuer le prix des farines de protéines de 18 %, des huiles de 4 % (dont – 7 % pour les huiles végétales) et du soja de 11 %. La production de biodiesel augmenterait de 1,5 %. L’autonomie européenne en matière de farines de protéines n’augmenterait toutefois que légèrement (+ 1,8 %).


Petits insectes — Grande utilité.

La Commission européenne a adopté en juin 2021 une décision autorisant l’utilisation du ver de farine comme denrée alimentaire dans l’Union européenne. Il s’agit alors du premier insecte à bénéficier d’une telle autorisation. La direction générale de la santé en charge de cette autorisation confirme le rôle croissant que joueront les insectes dans le cadre d’une alimentation plus saine et plus durable, ainsi que dans la préservation de l’environnement dans les années à venir.

« Selon l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), les insectes en tant qu’aliments joueront un rôle de premier plan face aux nombreux problèmes auxquels nous sommes et continuerons d’être confrontés au 21e siècle. Ces problèmes concernent notamment l’augmentation du coût des protéines animales, l’insécurité alimentaire, les pressions sur l’environnement, la croissance démographique et la demande croissante de protéines parmi les classes moyennes. »

Rafael Perez, chef d’équipe pour les nouveaux aliments à la DG SANTE

Le cas de la start-up française YesYes

L’alliance du made in France et de la qualité

Fondée en 2018, YesYes se présente comme particulièrement engagée sur le made in France et le reconditionné de qualité.

Spécialisée dans la réparation de smartphones, tablettes et consoles de jeux, la start-up cherche à attirer les clients déçus par leur expérience sur les grandes plateformes ou ne souhaitant pas utiliser un téléphone reconditionné importé.

Le choix de la proximité avec le client

YesYes propose des appareils réparés en France dans son atelier situé à Caen (Calvados).

Elle fournit une garantie de deux ans sur ses produits, qu’elle commercialise en ligne et dans sa boutique attenante à l’atelier, ouverte début 2022.

“Nous sommes convaincus qu’un service de proximité est primordial pour rassurer et accompagner les consommateurs”, estime le cofondateur Christophe Perrin dans Les Échos.

Ceux-ci se montrent “de plus en plus attirés par l’achats de produits électroniques de seconde main mais […] le manque de réglementation et de confiance reste encore un frein à l’achat.”

Un sourcing sécurisé

Afin de renforcer son approvisionnement, YesYes a conclu en mars 2022 un partenariat avec l’opérateur Orange (voir la vidéo).

Ce dernier lui fournit des appareils issus de ses boutiques. YesYes les contrôle et les répare avant de les revendre. En 2021, plus de 20 000 produits électroniques reconditionnés sont sortis de ses ateliers.

Une croissance interne et géographique

Comptant une quinzaine de salariés (dont une majorité de jeunes ayant des difficultés d’insertion professionnelle), la société prévoit un chiffre d’affaires de 5 millions d’euros en 2022. Elle souhaite également étendre sa couverture géographique et s’implanter dans d’autres villes françaises, en dupliquant ce modèle d’atelier-boutique.

YesYes espère disposer d’une douzaine de points de vente à l’horizon 2025.

Un développement soutenu par les fonds d’investissement

Pour financer ce développement, elle a réalisé une levée de fonds de 2,7 millions d’euros à l’été 2021.

La société a été soutenue par les fonds FAMAE Impact et Aviva Impact Investing France, spécialisés dans les projets sociaux et environnementaux. Les fonds régionaux Normandie Participations et CEN Innovation ont aussi participé à l’opération.

Les grands constructeurs automobiles se positionnent

Le fort développement du marché de l’occasion offre des opportunités majeures pour les constructeurs automobiles dans le reconditionnement. “Le marché de l’occasion, c’est trois fois celui du neuf”, affirmait en décembre 2021 à Ouest-France le directeur général de Renault, Luca de Meo.

Le reconditionnement automobile apporte un relais de croissance au secteur

Alors que le secteur automobile dans son ensemble connaît quelques turbulences (ralentissement de la production suite à la pandémie de Covid-19, transformation accélérée avec la fin programmée des voitures thermiques), le reconditionnement apparaît comme une voie bienvenue pour rehausser la rentabilité.

Le vivier croissant de voitures d’occasion permet de générer des volumes importants : 70 voitures reconditionnées par jour pour la Refactory de Renault, située à Flins-sur-Seine (Yveline). De son côté, le leader du reconditionnement automobile, Aramisauto, a remis en état plus de 100 000 véhicules depuis 2014.

Ce nouveau potentiel remet en avant des techniques permettant d’accélérer les cadences et de réduire les coûts. L’intégration du contrôle technique dans la chaîne de production permet aussi de limiter les délais.

“Le reconditionnement est réalisé en six jours alors que les concessionnaires ont l’habitude de le faire en 21 jours”, expliquait fin 2021 le directeur de la Refactory, Jean-Philippe Bahuaud, dans Le Nouvel Économiste.

La réparation devient intelligente

Le smart repair prend également de l’ampleur. Procédé relativement ancien mais un peu délaissé, il permet de réaliser de petites réparations sans démontage de la carrosserie.

Les méthodes utilisées se montrent particulièrement adaptées au domaine du reconditionnement : “Une journée de stockage coûte entre 15 et 20 euros”, soulignait mi-2021 Gilles Aubry, consultant auprès des concessionnaires, dans Le Journal de l’Automobile.

“Un véhicule qui reste sans bouger pendant 21 jours, c’est 420 euros de frais de stockage.”

Il indiquait pouvoir réduire les coûts de 100 000 euros chez l’un de ses clients grâce au smart repair, décrivant ainsi “une révolution”.


Informations sur les entreprises citées dans l’article :

  • Le site Aramisauto.com a bousculé le marché français de l’occasion en 2001 et s’est rapidement imposé comme le leader français de l’achat et de la vente en ligne de voitures d’occasion. Aramisauto opère un centre de reconditionnement interne à Donzère, en France. Les technologies et le savoir-faire du groupe permettent une productivité optimale au service des clients afin de garantir des voitures d’occasion à un rapport qualité-prix inégalé.
  • Lancé par Renault en 2020, le projet Refactory de transformation du site de production de Flins, à Aubergenville dans les Yvelines, vise à le transformer en première usine européenne d’économie circulaire dédiée à la mobilité avance à grand pas. La Refactory est la première usine européenne d’économie circulaire consacrée à la mobilité. Un écosystème industriel et commercial créé par Renault Group, ouvert aux start-up et aux partenariats. Son objectif est d’encourager les initiatives, de développer l’innovation au service de l’économie circulaire, et de contribuer à l’ambition de Renault Group d’atteindre la neutralité carbone sur ses sites industriels en 2040 en Europe. Une reconversion pérenne et responsable, tant sur le plan environnemental que social, qui s’appuie sur les nombreux atouts du site et de ses collaborateurs.

L’indice de réparabilité s’étend à de nouveaux produits

Mesure phare pour la filière, certains appareils électriques et électroniques doivent être commercialisés avec l’indication de leur indice de réparabilité depuis le 1er janvier 2021. Cet indice, présenté sous la forme d’un logo représentant une clé de mécanicien entourée d’un engrenage et accompagné d’une note allant de 0 à 10, permet aux consommateurs de savoir si un équipement peut être réparé facilement.

Une note selon 5 critères

Attribuée par le fabricant, la note est calculée à partir de cinq critères :

  • la disponibilité de la documentation technique nécessaire à la réparation de l’appareil ;
  • la possibilité de démonter l’appareil, l’accessibilité des pièces à remplacer et les outils nécessaires pour le faire ;
  • la durée de disponibilité sur le marché des pièces détachées et les délais de livraison ;
  • le prix des pièces détachées par rapport à l’équipement neuf ;
  • des critères spécifiques à la catégorie d’équipements concernée.

Une obligation pour les fabricants

En pratique, les producteurs, importateurs et distributeurs des produits concernés doivent communiquer l’indice de réparabilité aux vendeurs de ces produits, ainsi qu’à toute personne qui en fait la demande. De leur côté, les commerçants sont tenus de faire figurer cet indice de manière visible sur chaque équipement concerné proposé à la vente dans leur magasin. Ils doivent afficher l’indice dans la présentation du produit et à proximité de son prix lorsqu’il est vendu sur Internet.

De plus en plus de produits concernés

Cinq catégories d’équipements sont pour le moment concernées par cette obligation : les smartphones, les ordinateurs portables, les téléviseurs, les lave-linges à hublot et les tondeuses à gazon électriques.

À compter du 5 novembre 2022, de nouveaux produits seront soumis à cette mesure, tels que les aspirateurs ou les lave-vaisselles. Les professionnels ne respectant pas l’obligation d’information relative à l’indice de réparabilité sont passibles d’une amende administrative pouvant aller jusqu’à 3 000 euros pour une personne physique et 15 000 euros pour une société.

Au printemps 2021, 86 % des Français déclaraient vouloir prendre en compte l’indice de réparabilité pour leurs futurs achats, selon un sondage OpinionWay pour Samsung.