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La société parisienne Veja, “Regarde” en brésilien, a été créée en 2004 par les entrepreneurs Sébastien Kopp et François-Ghislain Morillion.

Après avoir monté une ONG dans laquelle ils ont étudié plusieurs projets liés au développement durable dans le monde, ils ont été frappés du fait que la plupart des entreprises n’intégraient pas les enjeux sociaux et environnementaux au cœur de leur modèle d’affaires.

“Nous avions envie de créer un produit qui intègre ces enjeux dès sa fabrication. […] Nous adorions les baskets, nous avons voulu les déconstruire pour les refaire différemment”, expliquaient-ils pour Stratégies en décembre 2022.

Une production responsable

Les deux fondateurs ont choisi d’implanter leur outil de production au Brésil où ils ont trouvé la matière première dont ils avaient besoin, un tissu industriel propice à leur développement et des conditions sociales comparables à l’Europe.

Les baskets Veja sont produites avec du caoutchouc sauvage, des bouteilles de plastique recyclées, du jute ou encore de l’huile de banane. Certaines matières premières comme le coton ou le caoutchouc sont sourcées directement auprès des producteurs.

Un succès fulgurant

Pour se lancer, la marque Veja a participé en septembre 2004 au salon international leader de la mode féminine en Europe, Who’s Next, et a obtenu ses premières commandes du grand magasin parisien Bon Marché, de concept stores et de boutiques de baskets implantées partout en Europe.

La première production s’est rapidement retrouvée en rupture de stock. Les clients ont adoré le style même s’ils ne connaissaient pas l’histoire qu’il y avait derrière, affirment les dirigeants.

 “Quand la marque se lance en 2004, rien ne paraît plus antinomique que le développement durable et la mode, et les rares créateurs à se lancer sur le créneau ne se distinguent pas par leur créativité”, relatait Les Échos Week-End fin 2019.

Une start-up devenue référence

En 2022, l’entreprise Veja fait figure de référence dans l’univers du sport et des loisirs comme dans celui de la mode.

Elle emploie 500 salariés et réalise un chiffre d’affaires annuel de 160 millions d’euros. Elle possède ses propres magasins implantés à Paris, Bordeaux, Berlin et New York.

 En ce qui concerne son business model, elle se distingue par le fait d’être parvenue à s’autofinancer pleinement, et ce sans publicité, précisent les dirigeants.

“Le cœur du projet de Veja, c’est de mettre 100 % du coût de production dans le prix de la basket, là où le business model des grandes marques repose sur 20 % de coûts de production et 80 % de coûts marketing”, expliquent-ils.

Un engagement toujours au cœur de la stratégie

Veja réussit le pari de grandir sans perdre son engagement écologique, comme l’expliquait Sébastien Kopp au journal Le Point en février 2022 :

“En gardant notre indépendance qui nous permet de faire parfois des choix radicaux. On sait la liberté que l’on perdrait avec un investisseur extérieur. Nos décisions sont motivées par le business, mais ce n’est pas le seul paramètre. Nous venons d’ouvrir l’année dernière un espace dans le complexe écologique de Darwin, à Bordeaux. C’est une boutique qui permet de faire réparer ses baskets, d’acheter des prototypes et d’anciennes collections, mais aussi de récupérer des modèles trop usés. Notre objectif : arriver à 10 000 paires pour lancer un premier test de recyclage”.

L’industrie textile se présente comme l’une des plus polluantes à l’heure actuelle. Selon l’Agence de la transition écologique (Ademe), son empreinte carbone s’élèverait à 1,2 milliard de tonnes de gaz à effet de serre chaque année, ce qui représente jusqu’à 10 % des émissions mondiales.

En cause : le mode de production, le choix des matières premières, la manière de consommer mais aussi d’entretenir ses vêtements ou ses chaussures après achat.

Une prise de conscience généralisée

Les années passant, l’opinion publique prend de plus en plus conscience des enjeux environnementaux, notamment en France.

Avec la pandémie de Covid-19, cette réalité a encore pris du poids. Ainsi, selon une étude de l’Obsoco
(Observatoire Société et Consommation)
réalisée en septembre 2020, près de 6 % des Français affirment avoir modifié leurs comportements en faveur d’une consommation plus responsable.

Le même sondage révèle également que près de 90 % des personnes interrogées s’accordent à dire que “l’interférence de l’action humaine sur la nature produit souvent des conséquences catastrophiques” et qu’il importe désormais de donner du sens à l’acte d’achat.

Une tendance de fond

Dans ce contexte, la mode écoresponsable dépasse aujourd’hui la simple tendance pour s’imposer comme un mouvement de fond.

Sa part dans les achats de vêtements ne cesse d’augmenter. Menée auprès d’un échantillon de 7 000 personnes réparties dans cinq pays (France, Royaume-Uni, Italie, Allemagne et États-Unis), l’étude publiée en juillet 2022 par Première Vision et l’Institut français de la mode (IFM) révèle que le marché de l’écoresponsabilité représente désormais environ un tiers du budget vêtements.

Un changement inéluctable des comportements de consommation

En outre, 90,5 % des sondés déclarent avoir l’intention de changer leur manière de consommer la mode dans les années à venir.

Dans trois pays sur cinq, la matière est perçue comme le principal levier d’une mode plus responsable. Elle occupe une place centrale dans la réflexion des consommateurs, lesquels évoquent aussi une autre dimension importante dans leurs arbitrages : le lieu de fabrication.

Un article écoresponsable est d’abord produit localement : c’est ce qu’estiment 33,4 % des Français et jusqu’à 42,6 % des Américains. Sans oublier un autre critère important, régulièrement considéré comme l’un des premiers signes de l’écoresponsabilité : la responsabilité sociale de la production, citée par un peu moins de 20 % des personnes interrogées.

Un article de Sport Éco, daté de mai 2022, affirme que 13 % des consommateurs français font de l’éthique leur critère d’achat numéro un. Un chiffre amené à augmenter dans les années à venir.

Un important potentiel de croissance pour le marché de la basket

Si elle demeure encore une niche en termes de vente et de présence en ligne ou en boutique, la basket écoresponsable dispose d’un important potentiel de croissance.

“En termes de chiffres, c’est une goutte d’eau dans l’océan”, affirmait en mai 2022 Florent Dumonceau, créateur du site d’e-commerce Not-Ordinary, spécialiste des baskets écoresponsables. “Il existe moins de dix marques de sneakers écolos aux reins solides en France. Et une soixantaine dans le monde”.

Pas de quoi menacer les leaders du marché des sneakers. Pourtant, ces jeunes marques innovantes touchent un public de plus en large et pour Florent Dumonceau, ancien cadre chez Nike, Diesel et Doc Martens, leur succès confirme le potentiel de développement du marché de la mode écoresponsable.

Un objet culturel…

L’engouement entourant les sneakers symbolise l’avènement de la streetwear et du sportswear.

Les vêtements et chaussures issus des milieux urbain et sportif, qui ont longtemps représenté des contre-cultures et “un moyen d’exprimer [sa] rébellion envers les codes bourgeois”, dixit le journaliste économique Pierre Demoux, ont dépassé leurs frontières initiales pour devenir des objets standardisés.

La sneaker figure comme le produit phare de cette évolution, désormais portée par tous et dans tous les contextes, même au sein du monde professionnel.

“Les patrons de la Silicon Valley comme Steve Jobs, qui ne quittait jamais ses New Balance, ont imposé ce nouveau code vestimentaire au travail”, explique Pierre Demoux.

La crise de Covid-19 a également participé au développement de l’athleisure, une tendance qui marie vêtements de sport, confort et esthétique. Lors des périodes de confinement, de nombreuses personnes ont adopté ce style, plus confortable, et l’ont conservé par la suite, la sneaker s’imposant alors comme la chaussure la plus adéquate dans cette démarche.

Le marché mondial de l’athleisure pourrait connaître une croissance de 25 % d’ici 2025, tandis que les vêtements de sport représenteraient environ un quart des ventes du secteur de l’habillement à cette date.

Si chaque marque continue de véhiculer son identité, la démocratisation de la sneaker a peu à peu effacé ses spécificités initiales : posséder une telle chaussure n’est plus signe d’appartenance à une communauté spécifique ou de défense d’une culture précise.

“La basket a gommé les codes vestimentaires, permettant de s’affranchir des barrières sociales et de flouter les frontières entre les sexes, jusqu’à devenir l’objet emblématique d’un monde culturel mondialisé”, estime Constance Rubini, directrice du Musée des arts décoratifs et du design de Bordeaux et organisatrice, en 2020, d’une exposition sur le design des sneakers.

… qui touche aujourd’hui tous les publics

Le phénomène traverse toutes les générations. L’ado les chausse pour être à la mode au lycée, ses parents, pour courir après le bus. Les seniors les préfèrent désormais aux semelles orthopédiques et les fêtards aux souliers cirés”, décrit Le Monde en septembre 2022.

Les sneakers ont peu à peu conquis tous les publics.

64 % des Français en portaient régulièrement en 2022 selon une enquête YouGov, dont 14 % qui n’utilisaient jamais d’autres modèles. Près d’une personne interrogée sur deux, 43 %, partageait son intention d’acquérir au moins une nouvelle paire au cours de l’année.

Si les marques s’adressent désormais à l’ensemble de la population, certaines cibles demeurent toutefois plus attractives et affichent un potentiel plus important.

Si les algues ont trouvé leurs premières applications industrielles dans les secteurs de l’agroalimentaire et des cosmétiques, d’autres débouchés émergent progressivement, notamment dans l’industrie pharmaceutique, le biocontrôle, le bâtiment, le plastique ou encore la captation de CO2.

Les entreprises pionnières du marché des algues comme les nouveaux entrants misent sur ces industries, générant pour le moment de faibles volumes mais affichant des perspectives de développement intéressantes en France. En effet, l’exploitation des algues à destination de ces différents débouchés permet d’obtenir des molécules bioactives à plus forte valeur ajoutée que sur les marchés cibles traditionnels.

L’innovation constitue la clé de la réussite. Pour autant, l’enjeu majeur pour les acteurs qui se positionnent sur cette voie réside dans la réduction des coûts de production grâce à la mise en place de cultures d’algues à plus grande échelle.

Une nouvelle génération d’anti-infectieux mise au point par Olgram

Créée en 2019 à Bréhan, dans le Morbihan, l’entreprise de biotechnologies Olgram développe des molécules marines pour la prévention et le traitement des infections bactériennes. Elle se spécialise dans la lutte contre la résistance aux antibiotiques.

Forte de premières expérimentations concluantes, la jeune société a réalisé au printemps 2021 une levée de fonds de 1,5 million d’euros auprès de Bpifrance, de la région Bretagne et de business angels, dont Hervé Balusson.

Ce dernier est le président du conseil de surveillance du groupe Olmix, spécialiste de l’exploitation des algues. Il est à l’origine de la création d’Olgram et bénéficie aussi du soutien de Maryvonne Hiance, figure reconnue du secteur, qui préside son conseil d’administration.

“Nous sommes ravis de cette levée d’amorçage qui va nous permettre d’avancer nos deux programmes phares dans la prévention et la lutte contre les infections bactériennes […]. Notre objectif à terme est de cibler toutes les pathologies infectieuses chroniques nécessitant l’élimination de bactéries dormantes”, affirmait à l’époque Pierre Rocheteau, directeur général de Olgram, interrogé par le média en ligne Bretagne Économique.

Dans un premier temps, la société a choisi de concentrer ses efforts sur la mucoviscidose, car “35 % des patients adultes atteints de cette maladie orpheline sont victimes d’infections chroniques entraînant leur décès prématuré”, indiquait le dirigeant aux Échos en mars 2021.

La start-up travaille spécifiquement sur la molécule nommée Marine-sulfated polysaccharide.

Associée à des peptides, elle est susceptible de stimuler le système immunitaire. Propriétaire du brevet, Olmix a accordé une licence exclusive à Olgram, qui travaille en collaboration avec le laboratoire de biochimie pharmaceutique de l’université de Rennes-1. Par la suite, l’entreprise ciblera les infections nosocomiales chez les patients immunodéprimés après un traumatisme crânien, qui toucheraient 750 000 personnes en Europe et aux États-Unis.

Olgram se positionne en pionnier sur le marché international, alors que seule une poignée de laboratoires américains et asiatiques avancent dans le domaine des bactéries dormantes.

La puissance publique intervient afin de faciliter le développement de l’activité et l’émergence de nouveaux acteurs sur le marché des algues en France.

  • Le gouvernement français a dédié 1,2 milliard d’euros à l’agriculture dans son plan France Relance en 2020.
  • Dans son programme France 2030, 2,3 milliards d’euros sont consacrés à l’agriculture, en mettant l’accent sur l’innovation numérique et biotechnologique.
  • L’Union européenne a lancé une initiative fin 2022 visant à mieux coordonner les projets dans le domaine des algues. Elle liste 23 points répartis en quatre domaines : améliorer la gouvernance et la législation, faciliter l’activité des entreprises, accroître les efforts de recherche et mieux sensibiliser le grand public.
  • L’UE a financé le secteur des algues à hauteur de 234 millions d’euros entre 2013 et 2020, dans le cadre de son programme Horizon 2020. En ajoutant les financements des fonds régionaux, l’enveloppe totale s’est élevée à 264 millions d’euros.
  • L’UE a également lancé, début 2022 la plateforme EU4Algae, souhaitant promouvoir la collaboration entre différentes parties prenantes (entreprises, associations…) pour mener des projets industriels ou de recherche sur les algues. L’activité de la plateforme devrait s’arrêter fin 2025.
  • La stratégie Farm to Fork (De la fourche à la fourchette), initiée en 2022 par la Commission européenne, valorise les algues comme source d’alimentation alternative et durable pour le continent. Plusieurs directives et axes stratégiques (pour la réduction de la dépendance au soja, pour la gestion des ressources marines, etc.) viennent soutenir le développement de la production d’algues.
  • Mis en place à partir de 2020, le Blue Cloud vise à rassembler le plus grand nombre de données en open source sur l’environnement marin et les ressources halieutiques. Coordonné par l’UE, le programme fait intervenir de nombreux acteurs tels que l’Ifremer, le Cnes ou encore Météo-France. Ces données peuvent faciliter le développement de nouvelles solutions relatives aux algues.

Une volonté d’aller plus loin : ouverture de l’appel à projets « Diversification des sources de protéines »

Dans le cadre de France 2030, Marc Fesneau, ministre de l’Agriculture et de la Souveraineté alimentaire, Christophe Béchu, ministre de la Transition écologique et de la Cohésion des territoires, Sylvie Retailleau, ministre de l’Enseignement supérieur et de la Recherche, et Roland Lescure, ministre délégué chargé de l’Industrie, annoncent avec Bruno Bonnell, secrétaire général pour l’investissement en charge de France 2030, les premiers lauréats de l’appel à projets « Protéines de légumineuses » et l’ouverture de la seconde vague.

À cette occasion, un second dispositif est ouvert afin de permettre le développement d’une offre compétitive de protéines et de diversifier les sources de protéines pour l’alimentation humaine et animale. 

Doté de 25 millions d’euros, le nouvel appel à projets « Diversification des sources de protéines » ouvre le 2 novembre 2022 et vise à transformer des potentialités en projets concrets, en levant plusieurs verrous liés aux technologies de production, à l’impact environnemental ou sanitaire de celle-ci, ainsi qu’en améliorant pour les consommateurs les qualités des produits développés (visuelles, gustatives, olfactives, praticité d’usage …).

Il vise à mobiliser les potentialités de la France en matière de protéines innovantes issues de nouvelles sources telles que les micro-algues, les insectes ou celles issues de biotechnologies dans le cadre d’approches de type « économie circulaire ».

Un marché qui a émergé depuis plusieurs dizaines d’années

Consommées couramment en Asie, les algues sont peu présentes dans l’alimentation des Français. Elles ont toutefois été exploitées depuis plus d’un demi-siècle pour des usages industriels :

  • dès les années 1960, l’agroalimentaire recourait aux algues, notamment pour créer des texturants ;
  • dans les années 1970 et 80, des extraits d’algues ont été utilisés dans les cosmétiques ;
  • les années 2000 ont vu l’émergence de développements autour des biocarburants recourant aux algues. La crise financière de 2008 a toutefois considérablement freiné cet engouement.

Malgré cet usage croissant des algues, les besoins sont restés faibles et le marché confidentiel.

Depuis quelques années, un regain d’intérêt se fait sentir tandis que les applications potentielles se multiplient. Chercheur au CNRS (Centre national de la recherche scientifique),

Philippe Potin remarquait en 2021 dans Les Échos Week-End : “Depuis que j’évolue dans ce secteur, je n’ai jamais constaté un tel engouement pour cette ressource.”

Les acteurs déjà positionnés dans le secteur voient ainsi leur activité croître, et de nouvelles sociétés se lancent à leur tour. De par leur forte teneur en nutriments variés, les algues bénéficient par exemple d’une nouvelle image plus valorisante dans le domaine de l’alimentation.

La protection de l’environnement et l’innovation comme moteurs

Ce renouveau du marché provient de plusieurs phénomènes. Le principal concerne la volonté croissante de préserver l’environnement, ce qui a conduit à porter davantage attention aux atouts des algues.

Qu’elles soient récoltées ou produites en fermes, les algues sont peu consommatrices en ressources et affichent donc un faible impact écologique. De plus, leurs qualités nutritionnelles couplées à la végétalisation de l’alimentation leur ont donné une place plus importante dans le secteur agroalimentaire.

La montée en puissance de l’écologie dans les décisions d’achat des consommateurs et dans les réglementations imposées aux entreprises favorise le nouvel essor du marché des algues.

  • Les consommateurs sont de plus en plus attentifs à leur impact environnemental, ce qui a fortement contribué au développement des produits bio.
  • La végétalisation de l’alimentation constitue une autre tendance porteuse pour les algues. Elle vise en partie à réduire la pression exercée sur les terres agricoles et les ressources naturelles par l’élevage, en particulier bovin.
  • La hausse des températures et des catastrophes naturelles à cause du changement climatique va impacter les cultures, nécessitant une diversification des sources d’alimentation. Les algues présentent une diversité de modes de production  intéressante dans une logique de résilience (récolte ou culture en mer, fermes installées sur terre, bioréacteurs fermés pilotables…).
  • La hausse de la population et la raréfaction des ressources en eau contraignent à une optimisation des rendements agricoles. Les algues, et notamment les microalgues, affichent des performances impressionnantes en la matière, tant au niveau de leur propre culture que pour la fabrication de biostimulants ou de pesticides naturels.
  • Des progrès sont par ailleurs effectués dans la captation du carbone par les algues, qui présentent de fortes capacités de stockage en comparaison des forêts.

En lien avec la préservation de l’environnement, la recherche permet de découvrir de nouvelles voies d’utilisation des algues.

La captation du carbone, la fabrication de bioplastiques ou encore de biostimulants naturels pour l’agriculture constituent autant de domaines où les algues paraissent prometteuses.

L’innovation se manifeste également dans la médecine, où les propriétés des algues présentent un intérêt pour diverses pathologies.

Le périmètre du marché demeure ainsi mouvant, s’étendant au rythme des nouveaux usages identifiés par la science.

Si la production et surtout la transformation des algues s’accroissent en France, les problématiques d’industrialisation et de passage à l’échelle restent décisives pour le développement de la filière. Elles permettront notamment une nouvelle extension des débouchés.

Créer un qubit infaillible : telle est l’ambition d’Alice & Bob, start-up française née en 2020.

Cette dernière veut bâtir un ordinateur quantique reposant sur des qubits supraconducteurs, dits “de Schrödinger, qui ont “une durée de vie stable 300 fois supérieure aux autres”, expose Théau Peronnin, cofondateur de la société.

 “Ils apportent une solution autonome et intégrée au problème central de la correction des erreurs”. Cette approche unique permet à Alice & Bob de rivaliser avec les géants américains en matière de fiabilité.

“Eux cherchent à augmenter le nombre de qubits pour corriger les éventuelles erreurs, alors que nous cherchons à créer un qubit idéal, sans erreur, avant d’en associer plusieurs”, explique Théau Peronnin.

En 2022, l’entreprise est parvenue à multiplier par 100 000 le temps de vie d’un qubit, atteignant huit minutes, “une première mondiale”.

Cette même année, Alice & Bob a levé 27 millions d’euros auprès de Bpifrance et des fonds Elaia et Supernova Invest. Elle avait déjà récolté 3 millions d’euros deux ans plus tôt. Ce nouvel apport doit lui permettre de poursuivre sa feuille de route afin de mettre au point un premier qubit logique, sans erreur et capable de mener à bien des calculs, dès 2023.

“Même Google et Amazon n’y arrivent pas”, note Les Échos.

 Afin de tenir ses objectifs, la start-up prévoit de doubler ses effectifs d’ici la fin 2023, pour compter plus de 70 salariés dans ses rangs.

Un centre de prototypage regroupant les technologies de pointe nécessaires au calcul quantique doit aussi voir le jour à Paris.

Alice & Bob souhaite enfin renforcer ses liens avec l’écosystème industriel et professionnel, en nouant davantage de collaborations avec des entreprises susceptibles de développer des projets quantiques.

“Les utilisateurs doivent se familiariser dès maintenant aux nouveaux usages du quantique, tous les pans de l’économie seront touchés”, anticipe Théau Péronnin.

Une pénurie de talents à l’échelle mondiale

La complexité du quantique, même pour des ingénieurs confirmés, rend difficile le maintien d’un vivier suffisant de compétences pour faire face aux nouveaux besoins du secteur.

Le temps de formation de tels spécialistes s’avèrent très long et, s’il est souhaitable que des chercheurs créent leur propre société pour appliquer à l’industrie le fruit de leur travail, il existe un risque de dépeuplement des laboratoires.

Or, les innovations du quantique sont issues de dizaines d’années de recherche dans le secteur public.

Le risque d’une division européenne

Dans un premier temps, la multiplication des initiatives dans chaque pays membre se montre souhaitable, selon Neil Abroug, coordinateur de la stratégie française dans le quantique.

Il déclarait ainsi à Challenges en 2021 : “Il faut des plans nationaux pour faire émerger plusieurs Airbus du quantique. La création d’Airbus est venue de la mise en commun de PME et d’ETI européennes.”

Une interrogation persiste toutefois quant à la temporalité d’une telle concentration. Pour le consultant Olivier Ezratty, celle-ci doit être mise en place dans de brefs délais afin d’atteindre une taille critique face à la concurrence étrangère.

Il expliquait en 2021 dans L’Informaticien : “L’Europe est toujours pénalisée par sa fragmentation culturelle et économique. L’un des enjeux est de créer rapidement, notamment par consolidation, des acteurs européens de poids à l’échelle mondiale”.

Des industriels européens frileux

Dotée d’une excellente recherche et de nombreuses start-up, l’Europe semble en retrait sur le plan industriel. Trop peu d’entreprises se dotent d’équipes ou lancent des projets dans le quantique, ce qui freine le développement du secteur.

Leurs homologues américaines, japonaises ou coréennes se montrent moins rétives au risque et à l’incertitude du long terme : elles constituent ainsi la quasi-totalité des acteurs membres de l’IBM Quantum Network, un réseau rassemblant les industriels intéressés par cette technologie.

Un financement centré sur le hardware

L’argent public comme privé s’est surtout orienté ces dernières années vers le matériel et le calcul quantique, au détriment des autres segments.

“C’est paradoxal”, notait en 2022 Christophe Jurczak, cofondateur du fonds Quantonation. “Des start-up avec de belles technos de capteurs ayant des applications immédiates, parfois même des start-up déjà profitables, auront plus de mal à lever des fonds que des start-up beaucoup plus spéculatives positionnées sur le calcul.”

L’entrepreneur plaidait pour un rééquilibrage.

Identifiée comme cruciale par un certain nombre d’États, la maîtrise de la technologie quantique fait l’objet d’une concurrence mondiale tant ses enjeux semblent considérables.

Un bouleversement dans les questions sécuritaires

La capacité de la cryptographie quantique à déchiffrer les systèmes actuels de protection des données représente une menace majeure en termes de cybersécurité. Le quantique peut en outre permettre d’effectuer des communications quasi-intraçables et impossible à espionner sans être détecté.

Ces différentes caractéristiques pourraient offrir un avantage militaire décisif à une puissance disposant de la technologie quantique. À l’inverse, ne pas détenir de capacités dans le domaine constituerait un réel danger pour les intérêts fondamentaux du pays.

Le risque d’un déclassement économique

Les États n’ayant pas développé de capacités quantiques suffisantes pourraient se voir dépasser sur le plan économique par les puissances maîtrisant ce domaine.

“Si un pays est exclu de cette technologie, sa compétitivité sera fortement pénalisée”, soulignait mi-2021 dans Challenges l’expert Cyril Allouche, responsable de la R&D technologies quantiques chez Atos.

Ce phénomène s’applique également aux acteurs de l’industrie, qui doivent réussir à intégrer la technologie quantique dans leur processus d’innovation.

“Si cet ordinateur quantique permet à Tesla de commercialiser avec deux ans d’avance la batterie électrique du futur, c’est fichu pour les constructeurs européens”, indiquait Cyril Allouche.

Un effort spécifique dans la recherche

Peu de pays disposent actuellement de centres de recherche, publics ou privés, dédiés au domaine quantique : le magazine Challenges en dénombrait une quinzaine en 2021. Parmi eux figurent les grandes puissances économiques ou technologiques comme les États-Unis, la Chine, la Russie, l’Inde ou encore le Japon.

Plusieurs États européens (France, Allemagne, Italie…) mènent des recherches en informatique quantique, ainsi que d’autres pays comme l’Australie et Israël.

S’il constitue un indicateur quant aux capacités de recherche du pays, le nombre de publications n’est toutefois pas suffisant. Celles de la Chine et de l’Inde présentent par exemple un faible nombre de citations, en comparaison de celles des pays européens ou des États-Unis. Ces derniers se positionnent par ailleurs dans une grande variété de technologies, alors que certains pays (Chine, Japon, Australie…) se révèlent bien plus spécialisés. Intervenant dans quatre catégories, la France apparaît bien placée en termes de recherche dans le quantique.

Des programmes de financement majeurs

Souhaitant acquérir une maîtrise technologique, voire prendre l’avantage dans le domaine, les États ont engagé des plans d’investissement conséquents dans le secteur. Ces derniers démontrent la volonté politique de s’engager pour le secteur ; leurs montants réels doivent toutefois être considérés avec précaution.

En étalant les dépenses dans le temps, la durée des programmes peut fortement influencer l’envergure des montants effectivement investis, rendant plus complexes les comparaisons entre pays. Les plans dédiés au quantique n’échappent pas en outre aux effets d’annonce et peuvent afficher un budget supérieur à la réalité. D’autres au contraire ne vont pas intégrer certaines dépenses tenues secrètes (dans le domaine militaire notamment), ce qui peut minorer l’investissement réel consenti.

Avec plus de deux milliards de dollars consacrés au quantique (hors fonds privés), les États-Unis semblent les mieux positionnés en termes de financement.

“Ils ont très vite identifié le quantique comme une technologie duale, à la fois militaire et civile, ce qui leur a permis de débloquer des fonds de la Darpa [agence d’innovation de défense américaine]”, expliquait en 2021 la députée Paula Forteza, à l’origine d’un rapport parlementaire sur le sujet.

La Chine, le Royaume-Uni ou encore la France font également partie des pays soutenant le plus le secteur quantique.

La jeune pousse Moodwork, créée par deux anciens étudiants de l’EM Lyon, Léopold Denis et Benjamin Brion, commercialise depuis 2017 un outil à destination des entreprises pour que chaque salarié puisse gérer son propre bien-être.

L’idée est de proposer aux salariés d’auto-évaluer leur état mental en répondant à un questionnaire validé par un comité scientifique. En réponse aux besoins exprimés, Moodwork propose des outils en ligne comme des fiches conseils, des conférences et un programme d’e-learning.

La société peut aussi mettre en place des accompagnements personnalisés.

LES AXES CLÉS DE SA STRATÉGIE

Jouer la carte de personnalisation

Moodwork propose au collaborateur de réaliser un bilan, sur une application, déterminant les origines de son mal-être. Ce premier état des lieux, réalisé à l’aide de questionnaires, va permettre aux algorithmes de la start-up d’individualiser l’accompagnement de chacun en proposant des contenus personnalisés (fiches conseil, podcasts, conférences en ligne, etc.) et la possibilité d’entrer en contact avec des coachs, des psychologues ou des médecins du travail.

“Ce qui crée le plus de frustrations chez les salariés, c’est le changement perpétuel. Les entreprises sont en transition et tout le monde a tendance à être sous pression”, soulignait en 2019 Léopold Denis, cofondateur de Moodwork, aux Échos. “On a tendance à prendre la question du bien-être dans sa globalité, alors qu’elle est strictement individuelle”.

Moodwork se targue de pouvoir détecter rapidement les salariés à risques. “En dessous de 40/100 au bilan bien-être, les salariés sont invités à entrer en contact avec des professionnels et ainsi éviter les risques d’arrêt maladie”, indique Benjamin Brion, autre cofondateur.

Lever des fonds pour étendre son activité

Pour soutenir son développement, la start-up Moodwork a réalisé en 2019 une deuxième levée de fonds de 2 millions d’euros, essentiellement auprès de Newfund, un fonds d’investissement spécialisé dans l’amorçage. Avec cette opération, la jeune pousse a pu entamer son internationalisation à l’échelle européenne, en commençant par le Royaume-Uni et l’Allemagne, et recruter du personnel.

À terme, elle envisage de se déployer en dehors du secteur privé en visant les établissements d’enseignement, les collectivités territoriales ou le monde hospitalier. “À chaque fois, l’idée est de créer des contenus adaptés pour tous les types de salariés : dans les hôpitaux par exemple, on va s’intéresser au personnel soignant mais aussi aux fonctions support et administratives”, explique Léopold Denis.

La société a gratuitement mis sa solution à disposition des soignants pendant la pandémie de Covid-19. La demande a explosé : + 15 000 nouveaux adhérents en 2021. Les cofondateurs ont ainsi décidé de doubler l’équipe de psychologues, la passant, de 10 à 20, selon le magazine Capital.

En 2020, le chiffre d’affaires de la jeune pousse avait déjà été multiplié par trois pour atteindre 1 million d’euros.

Grandir via la croissance externe

À l’automne 2021, Moodwork a mis la main sur une entreprise concurrente, My Happy Job, à l’origine d’un média d’information au sujet de la qualité de vie au travail. Ce rapprochement est intervenu après quatre ans de collaboration entre les deux entités.

My Happy Job, qui revendique en moyenne 40 000 visiteurs uniques par mois, espère ainsi accélérer la croissance de son site et proposer plus de contenus, tout en conservant sa ligne éditoriale.

De son côté, Moodwork y a vu l’opportunité de ”diffuser ses travaux et outils au sujet de la santé mentale au travail au plus grand nombre”.